vendredi 21 juillet 2017

Naked State : Jour 0

Je suis sur la petite terrasse de ma « cozy cabin » à Bare Oaks. Des lits superposés, ce n'est pas le gros luxe mais c'est très propre. Il fait frais, je suis en jogging de la tête au pieds, sous une lumière un peu jaune beige. Les papillons de nuit passent.

La journée a commencé avec les médias qui se sont intéressés à mon cas. Ç'a été un peu stressant, deux-trois gars qui m'ajoutent sur facebook pour me dire que j'ai on beau cul, qu'ils ont vu l'article sur moi dans le Journal de Québec -- quoi, un article dans le Journal de Québec?! -- je lis l'article dans le Journal de Québec, Radio-Canada m'appelle pour une entrevue, ok, toujours pas bu mon café, Radio X qui me contacte, l'entrevue live à Radio X, un appel de CBC Radio Montréal en anglais pendant que mon lift m'apporte à Bare Oaks.

Les liens :
Journal de Québec : Un violoncelliste de Québec se lance dans un contexte de création en costume d'Adam
TVA Nouvelles : Un violoncelliste veut créer en costume d'Adam
Radio-Canada : à venir
La super entrevue à Radio X : Jouer du violoncelle NU !!!
CBC Montreal : à venir

En arrivant à Bare Oaks, on fait écouter à tout le monde un vidéo d'une quinzaine de minutes qui explique l'histoire du site, ses fondatrice et fondateur et qui donne les règles de base : respect yourself, respect others, respect nature. Bingo.

J'ai pris quelques notes avant le souper.

Premières minutes à Bare Oaks. Je fais le tour de la place. C'est grand. Il y a des campeurs en masse, ces voitures-maisons qui semblent être ici pour rester un moment [maintenant que c'est la nuit, je vois les petites lumières un peu partout]. Il y a quelques tentes, une ambiance de camp d'été un peu, les gens se saluent. Je marche nu pieds et je pense aux sons pointus des roches, aux déchirements microscopiques de l'herbe drue sous mes pieds. Une mouche tourne autour de moi et je me dis que j'aurai plus de difficulté à m'habituer à elle qu'à la nudité des corps que je croise.

Je repense à cet homme aperçu sur le boulevard Langelier il y a deux semaines. Dans la cinquantaine, il marchait lentement sur le trottoir, complètement nu. La police est arrivée. Les gens autour de moi le pointaient en riant. La police a déplié un de ces draps argentés qu'on donne aux gens l'hiver, évacués d'une bâtisse en feu. Ici tout le monde est comme le monsieur de Langelier, moi inclus. En marchant à Bare Oaks, je ressens le toucher de l'air sur sa peau, le soleil qui fait plisser les yeux, le temps qui ralentit.

Les résidents de Bare Oaks ont tous les âges, toutes les peaux, des plus foncées aux plus pâles, des plus vastes aux plus étroites, des plus queer aux plus conventionnelles.

Je n'ai pas commencé à créer. La soirée était consacrée à la présentation des artistes entre nous et devant quelques résidents. J'ai joué un extrait de la pièce Nussecke sur mon solo D'éclisses en projetant une photo de mon visage sur mon dos et en faisant ressentir ma présence et ma respiration. J'ai dit : « I'm coming here with a broken heart. »


Ma présentation performative. Photo de Arts Unfold. Photo de la projection par Richard Rhyme
Il y a de la bière Erdinger comme j'en buvais en Allemagne. J'ai essayé le jacuzzi, je ne savais pas qu'il y aurait ça ici. Les gens sont curieux, sympathiques, ont envie de parler. J'ai hâte de trouver l'endroit où je vais me poser pour mes pratiques.

La rosée est tombée.


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