vendredi 8 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 37-38 sur 151

Finalement mon plan de mercredi n'était pas réaliste. Après les 53 minutes de retard sur mon plongeon du midi dans le site du CALQ, je me suis connecté et j'ai commencé une demande de subvention (recyclage de celle qui vient d'être refusée). J'ai passé une demi-heure là dessus à trouver le bon titre et le bon résumé, utilisant tous les caractères disponibles. Ça m'a épuisé, et au lieu de faire le bel après-midi productif prévu, j'ai dû niaiser sur internet, écouter des vidéos drôles qui n'impliquent rien de l'intellect. Et j'ai fini par me secouer vers 16 h, fait une pratique de violoncelle très satisfaisante, été nager pour 19 h et j'ai pu arriver à temps pour un très bon concert à 20 h 30. Journée sauvée.

6 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
trio [Wendy Eisenberg (guitare électrique, voix), Ryan Sawyer (batterie, voix), Lester St. Louis (violoncelle)]

C'est bien de revoir un concert une deuxième fois, dans un contexte différent, c'est rare que ça se produit. J'avais vu ce trio il y a une semaine, dans une salle où on les avait amplifiés comme un groupe de indie rock des années 2010 : gros bass drum, guitare léchée, violoncelle bien en arrière. À The Stone, presque pas d'amplification sauf l'ampli de Wendy Eisenberg sur scène (très fort, à la new-yorkaise), ça donnait sec mettons. Et le trio a donné presque le même show les deux fois, quelques pièces qui s'enchaînent sur une heure. Wendy Eisenberg amène une influence indie folk à son jeu sinon assez free, atonal, un peu free jazz. Presque pas d'effet, malgré le pedal board avec son nom dessus.

Jeudi 7 septembre

Mon plan de la veille ayant échoué, j'ai décidé de le reprendre en partie. En commençant par plier du linge qui traînait sur le rack depuis quelques jours, puis l'épicerie mon activité préférée (sarcasme). Avec la canicule, il fallait être stratégique et éviter le soleil direct à tout prix en revenant! Puis j'ai dîner, un peu de niaisage internet, un peu de lecture au café pas loin, une excellente pratique de violoncelle, retour à la nage pour 19 h et retour à un autre concert à 20 h 30.

7 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
duo [Caroline Davis (sax, voix), Wendy Eisenberg (guitare électrique, voix)]

Première fois que je voyais ou même entendais Caroline Davis. J'ai vraiment aimé son approche un peu off quand ça lui tente, hyper technique si ça lui tente, très fort, très doux, puis la voix aussi comme gênée et pas gênée à la fois. Elles ont fait des compositions où il y avait une bonne part d'improvisation, de lousse, un peu comme le trio d'hier. Et encore une fois je reconnais un peu plus le jeu de Wendy Eisenberg. C'est une fine line l'univers des notes, de la musique où il y a principalement de notes et moins de bruits, toujours à un cheveu d'évoquer Beethoven, k.d.lang ou John Patitucci. À la guitare, on ajoute la géométrie du manche, les frettes, ce que la main humaine est capable de faire. En tout cas Eisenberg a trouvé sa façon d'être un peu en dehors de tout ça, sans avoir peur de montrer ses racines.

Vendredi 8 septembre

Je pense que le refus du CAC m'affecte plus que ce que je ne le voudrais. Je voudrais passer à un autre appel tout de suite. Je trouve ça assez frustrant de n'avoir droit à aucun retour, d'accepter que je ne saurai jamais pourquoi mon projet n'a pas passé. Ça me fait penser à mon premier cours du bacc. en composition avec le marâtre professeur John Rea. Il nous avait donné comme premier devoir write a beautiful melody et j'avais passé des heures là dessus à réfléchir à ce que voulait dire la beauté pour moi, à ce que voulait même dire « une mélodie », jusqu'où on peut pousser ça, un enchaînement de notes, ça se chante? j'avais essayé tellement d'affaires, et puis j'avais couché sur papier tsé mon magnum opus sur une ligne, presque remis en tremblant la plus belle mélodie que j'avais pu imaginer. Rea m'avait retourné mon papier avec la note D (mauvais), aucun commentaire et la demande de le refaire. Faut tu être une vidange! Je commençais l'université, j'étais dans un milieu de jeunes à qui on a servi Brahms au déjeuner depuis la plus tendre enfance pendant que chez moi c'était Ginette Reno et Jeff Filion, et malgré ça j'avais réussi à être accepté à McGill, j'avais développé une compréhension et surtout une vrai passion pour la musique contemporaine, expérimentale, et là il fallait écrire une beautiful melody et je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait bien vouloir dire, dans le contexte, et surtout pour ce vieux con là. J'ai fini par comprendre que puisque c'était le cours de composition tonale, il fallait faire des pastiches de Mozart, Beethoven, etc. Ça n'a jamais été explicité, mais l'esthétique de cette époque là c'est : symétrie, simplicité de l'harmonie. Si je n'ai jamais eu de plaisir dans la classe de Rea, et dans aucune situation où j'ai été proche de cet immonde individu, au moins j'ai fini par pouvoir m'assoir dans son bureau, lui donner le plaisir de me faire sentir comme de la marde en personne, et repartir enfin avec un peu de feedback. Là le CAC c'est : des dizaines d'heures de travail, investissement émotif quand même, 6 mois d'attente, un refus dans une lettre générique, puis plus rien. Est-ce qu'il y avait une erreur dans mon budget? Est-ce que j'avais mal copié-collé un paragraphe? Est-ce que le jury a vraiment trouvé que le projet n'était pas intéressant? We'll never know! Et là je redépose sensiblement le même projet, juste à un autre jury, et il faut recréer l'enthousiasme et la fraîcheur alors que j'ai l'impression d'essayer de vendre quelque chose qu'un autre a brisé.

Aujourd'hui, je niaise je niaise je niase je niaise un lavage séchage étendage pliage vider le lave-vaisselle (ça y est, je ne lave plus jamais la vaisselle à la main) je me fais un deuxième café. Le speaker est en route, je vais enfin pouvoir écouter de la musique chez moi.

nouvelles lunettes de natation (devant) bien reçues, même marque même modèle, j'étais vraiment dû