samedi 18 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 105-106-107-108-109-110 sur 151

Mardi 14 novembre

Je me suis acheté une pédale d'effet pour le violoncelle, la Particule 2 de Red Panda. Ça fait très longtemps que je pense à cet achat, ça se compte en terme d'années. Des années avant d'oser dépenser 350$ sur mon occupation principale. C'est comme ça. Dire que je me suis demandé sérieusement si je n'allais pas m'acheter les très belles mitaines Louis Vuitton en vente à la boutique au rez-de-chaussée. Une certaine mathématique absurde m'a fait passer à l'action sur la pédale : en voulant prendre des nouvelles des mitaines, je me suis rendu compte qu'elles n'étaient plus disponibles sur le site, qu'elles avaient donc été vendues et que je devrais arrêter de me demander si je n'allais pas faire la dépense. Autrement dit, je venais de faire une économie de 400$ en ne les achetant pas. Donc j'avais le budget pour la pédale.

J'ai reçu la pédale hier, et aujourd'hui j'ai fait une petite tournée du quartier pour trouver un power supply et des fils. Puis j'ai fait mes premiers essais. La Particule 2 opère en synthèse granulaire, un procédé vraiment pas évident à comprendre et appliquer. Je le savais, maintenant au travail. Comme n'importe quel outil, il faut mettre les heures de pratique.

Puis tiens, j'ai reproduit mon programme de mardi passé d'aller nager à la plage horaire de 17 h 15 à 18 h au YMCA avant d'enchaîner avec un concert triple à la Downtown Music Gallery. Non sans tergiverser toute la journée, car il y avait aussi une de mes anciennes collègues de classe du temps où on était à l'université qui donnait une conférence à Columbia Unversity, où elle est maintenant chargée de cours, sur la compositrice Kaija Saariaho. J'aurais vraiment aimé revoir ma collègue, le sujet m'interpelle, mais il faut bien faire des choix.

Je pense beaucoup à ça ces jours-ci, faire des choix. À New York, il y a tellement d'options qu'on peut passer la journée à tergiverser, à se demander à quel évènement aller, choisir entre ce qui a le potentiel d'avancer sa « carrière », apprendre quelque chose pour « développer ma pratique », etc. Et au final le temps de tergiverse est du temps perdu. Il faut choisir. Et nécessairement tourner le dos à quelque chose qui avait le potentiel d'être déterminant. Il faut aiguiser son focus, ou s'éparpiller volontairement. J'apprends quelque chose, mais je ne sais pas quoi exactement. En lien avec l'attention et les choix. Je vais finir par mettre le doigt dessus. Il faudrait aussi que je me donne le droit de ne pas toujours être en train de vouloir apprendre quelque chose. En tout cas, j'adore New York.

14 novembre @ Downtown Music Gallery, Chinatown Manhattan
trio [Kenneth Jimenez (contrebasse), Camila Nebbia (sax ténor), Randy Peterson (batterie)]
trio [Marc Edwards (batterie), Gian Perez (guitare électrique), Michael Gilbert (basse électrique)]
Patrick Golden Group [Sally Gates (guitare électrique), Patrick Golden (guitare électrique), Matt Hollenberg (bass VI), Ryan Siegel (sax)]

Une autre soirée de musique incroyable à DMG. Le premier set me fait découvrir la saxophoniste Camila Nebbia, dont les idées se renouvellent sans cesse. Elle décortique ses phrases, les reprend un peu selon un traitement thématique, mais toujours avec beaucoup de passages juste de textures ou de gestes, en frôlant le free jazz sans exactement y aller. Avec un superbe contrebassiste que j'avais vu à iBeam il y a quelques jours dans un grand ensemble, qui pousse le trio ici et qui sonne gros de même. Le tout soutenu par un drummer très réactif. Puis le deuxième set comme une épreuve d'endurance. Ils partent dans le piton et n'arrêtent pas. Le guitariste fait des faces de guitar god et c'est excellent, j'ai rarement vu cette attitude en musique improvisée. Le bassiste pitonne comme j'ai rarement vu et sonne bien saturé avec de la grosse distorsion. Alors que le guitariste et le bassiste me donnent l'impression de jeunes loups avides de shred, le drummer est un vieux de la vielle qui ne laisse pas sa place, jeu non stop très très rapide. En arrivant au troisième set, il ne me reste plus d'énergie ni d'attention, j'écoute un peu plus distraitement avant de rentrer à pied comme à mon habitude.

Mercredi 15 novembre

Une journée à ne pas sortir de l'appart. L'impression d'avoir manqué à mon devoir. Il faut absolument que je réécoute le podcast de Daphnée B. sur les artistes en résidence. Je vais le réécouter et y répondre ici, c'est tellement juste. Notamment ce choc de passer de notre pauvreté relative au luxe de l'appartement en résidence (une table à manger?!) et cette obligation de performer qu'on se donne soi-même face à l'institution à qui on dit merci merci merci. À suivre j'y pense depuis 2 semaines, je vais finir par le faire.

Longue séance de yoga. Très longue pratique de violoncelle avec la Particule 2, j'y vais méthodiquement. Faire à souper, une batch de pâtes. Je tergiverse, aller voir l'inimitable Norvégien Lasse Marhaug à Artsists Space ou je ne sais plus quoi. Finalement je me range du côté de la majorité pour une fois, celle qui reste chez-soi devant l'écran.

Tellement de films se passent à New York, il faudrait bien que je m'y intéresse (n'était-ce pas mon devoir, comme artiste en résidence à NYC?). Maintenant que je connais la ville un peu, je reconnais des endroits réels dans les œuvres de fiction, mais selon ma propre expérience. Je choisis d'écouter After Hours de Martin Scorsese, une comédie plutôt humour noir sortie en 1985. Un financier à la vie platte rencontre une femme dans un café et décide de la rejoindre dans Soho (mon quartier). S'ensuit une longue nuit pleine de rebondissements aussi improbables les uns que les autres. Sans identifier de repères directement, je note les éléments typiques de Soho : rues en pierres, escaliers de secours en ornements de façades.

Jeudi 16 novembre

Évidemment qu'il faut que je me venge de mon oisiveté de la veille (comme si la pratique de violoncelle ne comptais pas). J'en profite pour aller visiter une autre bibliothèque, la Jefferson Market Library, ancien palais de justice construit en 1833.

Je traîne même mon lunch. Je travaille là toute la journée sur l'ordinateur avant de me diriger vers Columbia University manger mes pâtes au froid dehors parce qu'il faut y étudier pour pouvoir s'asseoir à l'intérieur. À 80 000$ de frais de scolarité par année au baccalauréat, il faut bien qu'il y ait des avantages étudiants. J'y suis pour un concert à 20 h.

ambiance sur le campus de Columbia University

16 novembre @ Miller Theatre at Columbia University, Morningside Heights Manhattan
Zorn@70 Barbara Hannigan + John Zorn
Star Catcher (2022) [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix)]
Split the Lark (2021) [Barbara Hannigan (voix), JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), David Fulmer (violon), Christopher Otto (violon), John Richards (alto)]]
Liber Loagaeth (2021) [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix), Jorge Roeder (contrebasse), Ches Smith (batterie)]
Ab Eo, Quod (2021) [Jay Campbell (violoncelle), Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix), Sae Hashimoto (vibraphone, percussions), Ikue Mori (électroniques)]
Pandora’s Box (2013) 
Barbara Hannigan (voix), JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), David Fulmer (violon), Christopher Otto (violon), John Richards (alto)]]
Nazdar Poupon Nazdar [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix)]

La légendaire chanteuse d'opéra et cheffe d'orchestre spécialiste de musique contemporaine Barbara Hannigan. Dont j'ai écouté tous les vidéos sur youtube. Devant moi en chair et en os. Dans un programme tout John Zorn, parfois assez casse-gueule. Elle est vraiment bonne pour vrai. Mais on dirait que le fait qu'elle soit bien réelle la diminue presque. Comme si passer de la fiction de l'écran à la réalité du corps dans l'espace la rend plus humaine, donc moins idéale, moins surhumaine. Un des moments marquants de La recherche du temps perdu de Proust est la première fois où le narrateur voit l'actrice surnommée la Berma. Il se l'est imaginée pendant des pages et des pages, il est prêt à être charmé par celle qu'il tient déjà pour la meilleure actrice de son époque. Mais... « Mais en même temps tout mon plaisir avait cessé; j'avais beau tendre vers la Berma mes yeux, mes oreilles, mon esprit, pour ne pas laisser échapper, une miette des raisons qu'elle me donnerait de l'admirer, je ne parvenais pas à en recueillir une seule. Je ne pouvais même pas, comme pour ses camarades, distinguer dans sa diction et dans son jeu des intonations intelligentes, de beaux gestes. Je l'écoutais comme j'aurais lu Phèdre, ou comme si Phèdre elle-même avait dit en ce moment les choses que j'entendais, sans que le talent de la Berma semblât leur avoir rien ajouté. » Mon expérience devant Hannigan est certainement plus positive que celle du narrateur de Proust devant la Berma, mais peut-être que je voudrais moi aussi que la matérialisation de la cantatrice fut plus grandiose, plus grande que nature encore. Si je revois Barbara Hannigan, peut-être que tout comme le narrateur de La recherche, quelque 600 pages plus loin, je réussirai à être transporté par la réalité de l'artiste telle quelle, libérée du filtre de l'imagination.

Au programme, des pièces qui vont du murmure à l'éclat, de la dissonance au bruit en passant pas des passages presque pop, je croyais même entendre Tori Amos au piano pendant quelques secondes. Les musicien·nes sur scène sont renversants, Zorn sait bien choisir ses interprètes. La dernière pièce était une surprise, pas au programme, avec un texte en français dont je n'ai pas compris grand chose, jusqu'au titre, que Zorn a pourtant dit 3-4 fois. Pour une pièce qu'il a écrite quand il avait 15 ans, chapeau! Il écrit bien pour le piano, ce qui n'est pas une mince affaire. Mais qui est ce John Zorn, comment fait-il pour en faire autant dans sa vie? Adolescent, il aurait étudié l'orchestration et le contrepoint en autodidacte en repiquant des musiques de film. Bin voyons! Il a quitté un bacc. en composition après même pas deux ans. Il pourrait se contenter de composer de la musique de concert. Mais il compose de la musique de films, de la musique pour ensemble d'improvisateur·ices, de la musique qui touche à la tradition juive, du free jazz, des trucs plus musique contemporaine comme ce que j'ai vu ce soir. Puis il a une étiquette de disques avec des centaines d'albums, de lui et d'à peu près tout ce qui bouge en musique improvisée. Puis il administre la petite salle The Stone où, 4 jours par semaine, des musicien·nes qu'il sélectionne lui-même produisent des concerts. Et il n'a pas l'air brûlé, au contraire, à 70 ans il monte sur scène avec ses culottes d'armée modèle camouflage noir et blanc, son t-shirt lette, et est chez-lui partout. Né à New York tu dis.

Vendredi 17 novembre

Réveillé un peu tôt, je scroll sur instagram. Les enfants pleurent en Palestine. Tout le monde pleure partout dans le monde, sauf les quelques caves qui fabriquent les armes, les vendent, les utilisent. Il n'y a plus d'eau. Le clash est vraiment intense, j'ai encore une boule dans la gorge des images que je vois quand je passe à une pub de lunettes soleil, puis à une annonce de concert à aller voir. Comment est-ce qu'on peut continuer à vivre alors que c'est le génocide d'un peuple? C'est fucké. La dernière élection à Gaza remonte à 2006. Ça veut dire qu'il n'y a personne en bas de 34 ans qui a voté pour le Hamas, c'étaient des enfants au moment de l'élection. Et de l'autre côté c'est pas mieux, le gouvernement à Israël a été élu à un bizarre de moment politique et aujourd'hui à peu près personne dans la population est de leur côté. Et ici, que ce soit aux États-Unis ou au Canada, tout le monde qui a une tête sur les épaules demande un cessez-le-feu. Demander un cesser-le-feu, quand on y pense, c'est le bout de la marde. Pourquoi est-ce qu'il y a des commencez-le-feu. Des le-feu tout court. Faites donc fondre tous les guns et fabriquez des chaises roulantes avec. Au Québec ça se demande bien sérieusement si Catherine Dorion est-tu punk ou est-tu pas punk, et les Cowboys fringants sont soudainement le band préféré de tout le monde. Bon bin...

On vit pareil, c'est étrange. Et parmi les joies de vivre, il y a celle de tomber par hasard quand même, après deux heures de doom scrolling, sur une publication de Kim Gordon, la bassiste de Sonic Youth et artiste dans mon panthéon des meilleures depuis longtemps, une publication qui dit que des places viennent d'être ajoutées pour un show de danse. Quoi, Kim Gordon a co-chorégraphié un spectacle de danse? Et c'est où? New York City évidemment. New York University Skirball à 10 minutes de marche de moi. Take my money! La danse, c'est toujours tellement cher. À 46$, pas si pire, mais c'est 65$ en canadiens. En tout cas rendez-vous ce soir.

Entre temps, je file à un café très instagramable pour finir la rédaction d'un dossier pour un appel de projets. En collaboration avec la danse justement. Ça complète le travail sur ce sur que je rédigeais hier. Une autre bouteille à la mer. Punk ou pas punk, come on.

17 novembre @ NYU Skirball, Greenwich Village Manhattan
dans le cadre du festival Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
TAKEMEHOME de Dimitri Chamblas et Kim Gordon [Marion Barbeau (danse), Marissa Brown (danse), Eli Cohen (danse), Eva Galmel (danse), Pierrick Jacquart (danse), François Malbranque (danse), Jobel Medina (danse), Salia Sanou (danse), Kensaku Shinohara (danse)]


Les portes ouvrent, « à la demande des artistes »
juste 5 minutes avant que ça commence, sur ce décor

Le spectacle de danse est excellent. Neuf danseur·euses sur scène. Un moment donné, il y en a 5 debout sur des amplis de guitare en train de juste répéter un accord de guitare électrique toustes ensembles. Image puissante, et quel son! Les guitares sont calibrées très exactement sur le son de Kim Gordon. Le reste de la musique lui ressemble aussi. Je vis une émotion quand sa voix émerge enfin après une trentaine de minutes de drône : « take me home » qu'elle dit de sa voix un peu fausse instantanément reconnaissable, le titre de la pièce. Quelques images fortes, dont le début où des personnes du public sont choisies pour se coucher sur le dos sur scène et créer une contrainte supplémentaire aux passages des danseur·euses. Un moment donné, un danseur se gargarise pendant de longues minutes avec un liquide bleu pâle qui laisse des coulisses sur son visage; il fait couler le reste du liquide sur la bouche d'une des danseuses et les deux sont marqués jusqu'à la fin du spectacle. Une équipe de corps tous tellement différents, agiles, charismatiques. Sinon, ce n'est pas un spectacle qui change ma vie, mais il y a bien quelque chose de jouissant d'entendre de la musique si bonne à un show de danse. Par moments, la musique est tellement bonne que les danseur·euses peuvent quasiment prendre une pause et chiller sur scène pendant qu'on écoute. Quand tout le monde est en train de quitter la salle à la fin, je vois Kim Gordon arriver, ignorer complètement un fan qui veut lui dire qu'il a aimé bla bla bla, et continuer une conversation technique sur la projection du son dans la salle. Work!

Après tout ça, je vais m'asseoir au Washington Square Park juste à côté et j'observe les gens. Plusieurs petits groupes, plusieurs seuls comme moi, ça fait du skateboard, ça fume du pot, ça jase, plusieurs joueurs de musique, tam tam par-ci, guitare par-là, des itinérant·es, des fils de riche, des afros, des tresses, des blondinets, des casquettes. Le temps est doux ici, le moins de novembre n'a rien de l'invivable début d'hiver québecois que je connais habituellement. Des centaines de personnes chillent au Washington Square Park. Dans mes écouteurs, Nirvana live à Seattle en 1994 (ça vient de sortir pour les 30 ans de l'album In Utero) et je me sens pour un instant comme j'ai pu me sentir ado, une cassette de Nirvana bien usée dans mon walkman en train de regarder les skateurs au carré d'Youville.

Samedi 18 novembre

Aller nager ou ne pas aller nager? Aller à un concert-évènement des Musicians for Gaza, aller à un concert dans un sous-sol à Brooklyn ou rejoindre des amis qui vont voir Hunger Games au cinéma? Pratique de violoncelle? Finalement ma piscine à Stuyvesant High School est fermée pour la fin de semaine et il n'y a plus de place au YMCA. Je vais au café Now or Never écrire ceci. Pratique de violoncelle en revenant. Et direction Brooklyn.

18 novembre @ radicle wine, Clinton Hill Brooklyn
Weasel Walter (guitare électrque)
Brandon Lopez (contrebasse)
quartet[Tim Dahl (basse électrique, voix), Richard Edson (batterie), Matt Nelson (sax soprano, sax ténor), Hans Young Binter (piano fender rhodes)]

Weasel Walter est un drôle de personnage; sait ce qu'il fait, sait ce qu'il vaut. On jase pendant un moment, on a eu une mauvaise expérience avec la même musicienne il y 10 ans. Il dit que ces jours-ci, il se concentre à faire la musique qu'il aime même si personne ne l'écoute. Amen! Je le connaissais comme drummer, finalement il fait son solo à la guitare électrique et wow très hot, il manie ses pédales d'effet comme une deuxième instrument et j'ai l'œil pour ça ces jours-ci avec mon travail sur la Particule 2. Après Weasel Walter, c'est Brandon Lopez qui se livre à la contrebasse, tellement intense pour le peu de personnes sur place. Intransigeance et intégrité.

Pendant que le dernier set s'installe, je jase pas mal avec un autre des spectateurs, un musicien qui ne joue pas ce soir, mais que j'ai déjà vu quelques fois en concert. Ça fait du bien de sentir comme une petite ouverture pour moi dans la communauté. Le dernier set est renversant. Fort volume, tellement qu'on a peine à entendre le pianiste qui fait des signes que son ampli est au maximum. Bien qu'il n'y ait pas un rythme qu'on peut suivre, on se croirait dans un show punk. La salle minuscule et maintenant bondée comme par magie. Ça sent l'alcool, surtout le scotch et le vin de riche de la boutique sous laquelle on se trouve. Les gens bougent au son de la musique, un moment donné il y a quasiment un slam. Le bassiste-chanteur domine le band. J'apprends plus tard qu'il est un collaborateur de longue date de la légendaire Lydia Lunch, en plus d'avoir toute une feuille de route de rocker parmi le free jazz. J'apprends à l'instant, en écrivant ceci, que le drummer est en fait un acteur qui a joué dans plus d'une centaine de films en plus d'avoir été le premier drummer de Sonic Youth en 1981. Bin coudon!

Dimanche 19 novembre

Aujourd'hui, je suis dans un autre café instagramable, le Stone Street Café de la rue Broome, let's go et j'essaie de finir d'écrire ceci, qui n'arrête plus de s'allonger. Je voudrais ne rien oublier de ce que je vois à New York. Je voudrais nager beaucoup plus. Je voudrais pratiquer beaucoup plus. Je voudrais pousser beaucoup plus pour jouer avec des musicien·nes de la scène, voire même prévoir des concerts. Je voudrais passer beaucoup plus de temps à prévoir les mois à venir en répondant aux appels de projet et en travaillant mes demandes de subventions (je suis dans un stand-by insoutenable sur un dossier, où Toronto ne me donne aucune nouvelle depuis le 12 septembre, malgré ma relance du 30 octobre, je suppose que je devrais déjà tout préparer, plan A et plan B pour le dépôt de mon projet total le 6 décembre). Je voudrais aller voir plus d'art, notamment de la danse et de l'art performance, qui se passent évidemment ici assez pour remplir en double et en triple tous les jours de tous les calendriers. Retourner au MoMA passer du temps de qualité avec une ou deux œuvres sélectionnées. Je voudrais prendre le temps de réfléchir plus loin à ce que je veux que mon expérience ici m'apporte. Je voudrais faire quelque chose pour Gaza (tant qu'à rien faire). Je voudrais consacrer du temps aux débuts d'amitiés que je forme ici, car je repars dans à peine un peu plus un mois. Et avec tout ça, je ne suis même pas encore à la page 200 (sur 1100 quelque) du 2e tôme sur 3 de La recherche du temps perdu. Toute est dans toute.

Et c'est un peu ça la question des choix, de tergiverser. Ce soir il y a un concert de Lydia Lunch, peut-être la seule occasion de ma vie de voir cette artiste importante pour plusieurs artistes que moi je trouve importants. Il y a aussi un concert à P.I.T. où je pourrais peut-être un peu plus poursuivre ce sur quoi je travaille plutôt que d'envoyer mon attention sur la scène parallèle de Lydia Lunch. Ah!

Demain, je rencontre un pianiste taïwanais pour une session. Il faudra que je prenne une pause au milieu de notre rencontre, pour rejoindre une réunion avec des gens de Québec au sujet d'un concert en mai prochain. Puis j'ai un concert à voir à Sisters, Brooklyn. Ou bien mon yoga du lundi. Ou bien nager.

[Ici Rémy du futur, le 7 janvier 2024 après avoir passé près de 2 h à chercher quand est-ce donc que j'avais vu Cecilia Lopez pour la première fois... eh bien c'était ce soir du dimanche 19 novembre, et je ne l'avais pas noté.]

19 novembre @ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
trio [Cecilia Lopez (synthé analogue), Brandon Lopez (contrebasse), Mat Maneri (alto)]
Sam Newsome Trio [James Paul Nadien (batterie), Adam Lane (contrebasse), Sam Newsome (sax, objets)]