vendredi 20 octobre 2023

studio du Québec à NYC : jours 69-70-71-72-73-74-75-76-77-78-79-80 sur 151

Lundi 9 octobre

Deux concerts en une journée

9 octobre @ First Street Green Cultural Park, Bowery Manhattan
présentation de Arts For Art InGardens
Chris Williams Trio [gabby fluke-mogul (violon), ​Lesley Mok (batterie), Chris Williams (trompette)]
duo [Che Chen (percussions), Anaïs Maviel (voix)]
William Hooker Trio [Hilliard Greene (contrebasse), William Hooker (batterie), John King (guitare électrique)]

Alors que je trouve donc que je passe inaperçu à New York, et que j'ai comme hâte d'être reconnu par celleux que je considère mes pairs, j'ai été agréablement surpris quand le trompettiste Chris Williams est venu me voir pour me serrer la main, me dire qu'il m'avait remarqué dans l'assistance à de nombreux concerts et se présenter. Ça m'a vraiment fait plaisir. Puis c'est le guitariste Chris Cochrane... J'ai souvent envie de d'utiliser le qualificatif « légendaire » pour parler des gens ici, le guitariste légendaire Chris Cochrane. C'est que c'est mérité! Dans son cas, il joue nonstop dans la scène new-yorkaise depuis les années '80, avec John Zorn, Zeena Parkins, Marc Ribot, Brian Chase, etc. Il était dans le public pour ce petit show d'après-midi lui aussi, et il est venu me voir après, juste comme ça. Il se rappelait m'avoir vu au (fantastique) concert de son trio The Chutneys, la fois où j'ai vaincu Times Square. Plus récemment, son duo avec la violoncelliste Lori Goldston était super aussi. Tout qu'un guitariste. Alors, il vient me voir et me demande mon contact, comme ça, parce qu'il veut m'envoyer de la musique par email qu'il me dit. Il n'est pas sur les réseaux. Ok! Ok! J'existe. Pas de nouvelles depuis par contre.

9 octobre @ Artists Space, Chinatown Manhattan
soirée Abasement 66, DJ Sandy Lane, Scott Kiernan (visuels)
duo [gabby fluke-mogul (violon), Fred Frith (violon)]
duo [Tom Thayer (instruments inventés, voix, électroniques, projections, composition), Henry Thayer (instruments inventés, voix, électroniques, projections)]
duo [A. Helicopter (sax), Dr. Evilletown (guitare électrique)]
The Ghost [Michael Foster (saxophones, composition), John Moran (contrebasse), Joey Sullivan (batterie)]

Grosse soirée à Artists Space. C'est un des lieux dont j'avais entendu parler avant de venir à New York. Un sous-sol assez grand, plafonds hauts, espace tout béton avec des projections manipulées en direct tout au long de la soirée, sur trois murs. Peut-être 150 personnes, les prestations duraient 20-30 minutes chacunes, et il fallait attendre au moins 45 minutes entre chacune, avant la prochaine affaire. Ce n'était pas un showcase qui s'enfile, mais plutôt une soirée élaborée par des gens qui aiment chiller et boire une coupe de vin, une bière, en jasant en écoutant la bonne sélection du DJ. Entrée gratuite!

On se serait cru sur le plateau de tournage d'un film sur la vie artistique de New York, quelque chose qui n'aurait existé que dans la fiction de ce qu'on se raconte plus tard sur un certain endroit, une certaine époque. C'était quasiment trop cliché, trop parfait, un peu plus et Andy Warhol débarquait avec Yoko Ono et Patti Smith. Ambiance artistes visuels. Spottez-moi dans la documentation officielle. Au lieu des héros du passé toutefois, c'était des super musicien·nes qui se présentaient sur scène, certain·es que je vois habituellement jouer devant 15-20 personnes dans le fond de magasins de disques ou autres petites salles. Il y avait un genre de compositeur et inventeur d'instruments qui jouait avec son fils, un ado en lunettes fumées plus charismatique que tout le reste. Né dedans! Puis le trio The Ghost en finale était aussi décapant que la dernière fois que je les avais vus, mais là c'était une version un peu très écho dans la grande salle. Gros show pareil, juste par les moyens mis dans l'enrobage : salle, lumières, visuels.

Mardi 10 octobre

Je commence la journée renversé par une entrevue que je lis, donnée il y a quelques semaines par le saxophoniste de The Ghost. ll parle de son approche queer de la musique improvisée, de son envie de connecter l'identité gay, les luttes LGBTQ+ à son travail de musicien. Des questions pas évidentes auxquelles j'ai tellement réfléchi et pour lesquelles je n'ai jamais trop trouvé d'écho dans ma communauté Ma perception du milieu de la musique improvisée, expérimentale, etc. est d'ailleurs tellement hétéronormée depuis toujours, que je n'avais même pas remarqué que le disque de The Ghost, que j'ai littéralement tenu dans mes mains et observé, appelé très explicitement « Vanishing Pleasures » et montrant une scène de bondage gay comme pochette, je n'avais même pas remarqué qu'il partait d'une perspective queer. Bin voyons. À suivre.

Journée d'admin, Puis j'ai été nager en soirée, puis spontanément j'ai été voir un film dont j'avais écouté le cinéaste en entrevue la veille sur un des podcasts que j'écoute régulièrement. Dicks: The Musical. Assez drôle, mais pas à se pitcher dans les murs. Je ne suis pas un très bon public pour l'humour. Le film était en avant-première à NYC cette semaine, je ne sais pas à quel point ni quand il va être distribué et montré internationalement. Quand je disais que NYC donne l'impression d'être le centre du monde, c'est ça aussi. J'entends parler d'un film, hop c'est ici et seulement ici qu'on peut le voir tout de suite avant qu'il ne se répande au reste du monde.

Mercredi 11 octobre

Journée d'admin, séance de lecture dans un café, lavage en prévision de mon voyage à Rimouski. Comme je n'étais presque pas sorti de la journée, j'ai décidé d'aller faire un tour au karaoké animé par Glace Chase avant de me coucher. Je la trouve bien drôle et c'est un des seuls endroits ouverts les soir à moins de 10 minutes de marche d'ici qui ne soit pas un restaurant chic intimidant.

Jeudi 12 octobre

Journée de ménage et de préparation au voyage.

Vendredi 13 octobre

6 h 30 : réveil, douche, manger un peu, vider la poubelle
7 h 30 : départ de mon appart vers le métro — je suis rentré sans payer! Ça a adonné comme ça, je traînais toutes mes affaires, je fouillais pour mon téléphone avec lequel swiper pour ouvrir le tourniquet, le métro est arrivé, une grande porte de côté s'est ouverte, je me suis élancé et hop bye à la new-yorkaise devant le contrôleur qui n'a évidemment pas bronché — puis la bus (gratuite!) jusqu'à l'aéroport. Tout s'est passé exactement à la minute prévue.
8 h 30 : la file pour entrer en zone internationale, passer les bagages dans le détecteur, tout a été très simple
10 h 45 : vol New York - Montréal parti à l'heure, arrivé à l'heure
13 h 15 : vol Montréal - Québec parti à l'heure, arrivé à l'heure
14 h 15 : lift de l'aéroport à mon appart à Québec, coupage du cadenas pour libérer mon vieux violoncelle pas bon sur lequel je vais jouer à Rimouski, drop de linge d'été au fond du garde-robe, prendre le linge d'hiver et une pédale de volume à la place dans ma valise
18 h : lift chez mon hébergement et ami et coupe de cheveux
21 h : chill et amitiés au Foubar

Ça a donc bien bien été.

Samedi 14 octobre

10 h : petite marche dans le Vieux-Québec, on croise du monde!
13 h : lift pour Rimouski
18 h : arrivée au airbnb, bonne pratique pour dérouiller le vieux violoncelle, ça va être ça qui va être ça, souper aux pizza pochettes, la seule option végé dans l'épicerie-dépanneur #rimouski

Dimanche 15 octobre

Première répétition avec le GGRIL et DDK

vue correcte de Rimouski

Lundi 16 octobre

Deuxième répétition avec le GGRIL et DDK. Je suis allé nager en soirée.

photo volée sur le facebook à Jonathan

Mardi 17 octobre

Troisième répétition avec le GGRIL et DDK, concert en soirée.

17 octobre @ salle Telus, Rimouski
présenté par Québec Musiques Parallèles
DDK [Jacques Demierre (piano, composition), Axel Dörner (trompette, composition), Jonas Kocher (accordéon, composition)], GGRIL [Robert Bastien (guitare électrique), Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Clarisse Bériault (hautbois, objets) Isabelle Clermont (harpe électrique), Sébastien Côrriveau (clarinette basse), Olivier D'Amours (guitare électrique), Alexis Gagnier-Michel (violoncelle), Mathieu Gosselin (sax baryton), Jonathan Huard (vibraphone, percussions), Pascal Landry (guitare classique), Antoine Létourneau-Berger (ondes martenot, percussions), Éric Normand (basse électrique), Alexandre Robichaud (trompette), Gabriel Rochette-Bériau (trombone), Catherine Savard-Massicotte (violon)]

Me voilà encore en train de parler de « légendes », mais difficile de faire autrement surtout avec Axel Dörner, trompettiste iconique de la scène berlinoise depuis les années 90, que j'ai vu tellement de fois en concert, Une approche vraiment unique de l'instrument et de la musique en général, basée sur des choix de timbres très précis, qui percent au travers n'importe quelle texture ambiante qu'ils soient fort ou doux, et des choix vraiment délibérés de placements du son dans le temps. Dörner attend, prépare un son, le place avec minutie et force, même dans le cas des sons à la limite de l'audible, et tient son bout pendant un moment. Il s'arrête et recommence avec quelque chose de complètement différent.

Travailler à ses côtés, c'était faire l'expérience de cette attitude là, de proche et aussi en soi-même, se faire prêter les clés de ce mode d'interaction si particulier en musique improvisée.

Même impression avec Jacques Demierre, avec qui j'avais déjà joué en 2017. Lui est basé en Suisse, actif depuis je ne sais pas combien d'années, il a l'air de jouer pas mal partout en Europe. Son approche du piano est étonnante, il l'a comme domestiqué, comme un maître avec son chien; autant il peut le caresser et lui faire chanter toutes les harmonies, autant quand il se décide à lui donner une taloche, on voudrait pas être à sa place et ça jappe, ça couine, ça fait tous les temps. Demierre est vraiment smatte en plus, il a toute une réflexion sur la musique.

Jonas Kocher est aussi établi en Suisse. J'ai jamais entendu un accordéon qui descendait aussi grave et montait aussi aigu. Un de ses effets-signature, à Kocher, c'est de tenir une note suraigüe, très faiblement et sans bouger ou preque, au moment où tout le monde arrête de jouer; la note est tellement haute qu'au début on se demande si elle fait partie de la musique ou si elle ne vient pas d'un sillement électrique quelque part dans la salle, puis on se rend compte qu'on l'entendait depuis tantôt au-dessus de toute la texture sonore, et qu'elle est maintenant dénudée devant nous, fragile et perçante. Je découvre Kocher avec ce projet, un super improvisateur et organisateur, rallieur, explicateur, de bonne humeur.

En concert, nous avons joué une pièce de 45 minutes où l'improvisation rencontrait certains repères dans le temps. À mon avis, la version concert n'était pas excellente. Encore une preuve que l'improvisation c'est vrai et c'est risqué. « Risqué et audacieux », c'est écrit dans mon texte standardisé de démarche artistique (qu'il faudrait que je révise d'ailleurs). Peu importe, il y a eu de vraiment bons moments en répétitions et ça valait le trouble d'aller jusqu'à Rimouski. Et je suis payé quand même.

Mercredi 18 octobre

9 h 30 : lift Rimouski - Québec

13 h : arriver à Ste-Foy, endroit tellement inhospitalier. Où aller quand on a 2 h à attendre dans le coin de l'hôtel de ville? Pas de cafés, rien. La bibliothèque, j'ai niaisé là un peu.
15 h 30 : covoiturage Québec - Montréal
19 h : chill en terrain connu

18 octobre @ Casa Obscura, Montréal
série des mercredimusics
trio [Jean Derome (sax, objets), Bernard Falaise (guitare électrique), Pierre Tanguay (batterie)]

J'étais content d'arriver à temps pour ce concert. J'ai repensé aux premiers concerts que j'ai vus à la Casa Obscura en 2006, 2007, puis tous les mercredis ou presque, jusqu'à 2011. Les musiciens que je voyais là étaient un peu des idoles (j'exagère, mais quand même, ils avaient l'expérience, la feuille de route et surtout le langage, leur musique me transportait), aujourd'hui ce sont plutôt mes collègues. Quoique, 50 ans de métier, comme j'en jasais avec Pierre Tanguay, c'est 50 ans de métier.

Jeudi 19 octobre

9 h 30 : visite d'une super amie
11 h 10 : départ du train Montréal - New York tellement à l'heure, à la minute près
23 h : arrivée à l'appart, ouf.





En vrai, je n'ai pas vu le temps passer. Je ne le ferais pas toutes les semaines, mais cette fois le voyage en train était parfait pour moi. Très relax. Beaux paysages tout le long. J'ai mangé en masse au petit café, j'ai trié toutes mes factures du voyage, écouté en masse de tik tok. J'ai enduré des maudits Québecois saouls sur le White Claw et une banlieusarde de Saint-Lambert m'a toussé derrière la tête tout le long du trajet quand je n'étais pas au wagon restaurant, mais sinon tout le monde était tranquille. Même le train est tranquille, peu bruyant. J'aurais pu rester dedans quelques heures de plus, je n'ai même pas eu le temps de lire mon Proust ou écrire mon blog.

Vendredi 20 octobre

Aujourd'hui : épicerie direct en se levant, écrire ceci, vider ma valise et concert du NYPhil avec de la très belle visite de Toronto!

Je commence à être fébrile pour le concert ici dans l'appartement après-demain.