vendredi 29 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 55-56-57-58-59 sur 151

Cette semaine : du stress et du travail pour novembre 2024, du travail pour la saison 2024-2025 de Rimouski, et moins de temps pour aller voir des concerts

24 septembre @ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
duo [Lori Goldston (violoncelle), Shelley Hirsch (poésie, voix)]
trio [Lori Goldston (violoncelle), Shelley Hirsch (poésie, voix), Michael Foster (sax)]
The Ghost [Michael Foster (sax), Brandon Lopez (contrebasse), Joey Sullivan (batterie)]

C'était tellement bon. Je n'avais jamais entendu Lori Goldston jouer comme ça, c'était pour moi sa meilleure fois, ce duo avec cette poète et chanteuse un peu timbrée, un peu intense, qui laissait toute la lattitude à la violoncelliste de compléter dans le bas du régistre tout en se faisant pousser à aller dans tous les sens.


Le saxophoniste Michael Foster s'est joint au duo vers la fin.

Puis le trio The Ghost en deuxième partie était très bon aussi, vraiment Brandon Lopez ça fait quelques fois que je le vois, il se démène à la contrebasse, ça le fait.

Lundi 25 septembre

Une journée à travailler. J'ai décidé de redéposer le projet dont je viens de recevoir un refus pour la subvention. Je vais modifier et redéposer à la même place. On sait jamais. La date limite est dans une semaine. Et qui dit dépôt de projet dit perdre un avant-midi complet à mettre à jour mon CV et mon dossier de presse, puis ne plus être capable de travailler là-dessus pendant quelques jours. C'est fait, rendez-vous vendredi ou samedi pour la suite, j'ai d'autres choses en attendant. Justement, j'ai passé du temps à organiser une réunion, sondage des disponibilités de chacun. Ensuite il faudra préparer le contenu, mais pas tout de suite.

Pratique de violoncelle, cours de yoga du lundi soir, arrêt au Whole Foods sur le chemin du retour question d'avoir de l'épicerie pour quelques jours. Pas de concert ce soir.

Mardi 26 septembre

Je confirme que j'organiserai un concert dans l'appartement ici, le 22 octobre prochain. Je serai hôte d'une des éditions d'une série de concerts organisée par Selendis Sebastian Alexander Johnson. Le concept de la série : des concerts en 4 parties, où chacune des parties présente un nombre d'artistes au choix de Selendis, et ce nombre reste le même pour toute la soirée. Par exemple, j'ai assisté à une soirée de 4 trios l'autre jour dans un minuscule appartement du Lower East Side. Chez-moi, ce sera une soirée de 4 duos, dont un duo de moi (violoncelle) et Selendis (trombone). Les gens de la délégation du Québec à New York, qui sont responsables de l'appartement, ne sont vraiment pas stressés avec ça, c'est rafraîchissant il me semble de présenter une idée et d'être accueilli par un « oui, comment je peux t'aider » plutôt qu'un labyrinthe de conditions et de formulaires.

En ce mardi, je m'occupe de commencer l'organisation de ça, puis je me fais une pratique de violoncelle, puis je vais nager, puis j'écourte ma session de nage pour aller voir un autre concert de Lori Goldston.

26 septembre @ Downtown Music Gallery
quintette [Ivan Barenboim (clarinette contrebasse), Sarah Bernstein (violon), Ken Filiano (contrebasse), Guillermo Gregorio (clarinette), James Paul Nadien (batterie)]
duo [Chris Cochrane (guitare électrique), Lori Goldston (violoncelle amplifié)]

Vraiment bon quintette! Je suis arrivé à temps pour quelques pièces. Le violon était en équipe avec la contrebasse pendant que la clarinette était en équipe avec la clarinette contrebasse, le tout encouragé par la batterie; le violon était dans l'équipe des aigus avec la clarinette, versus les contrebasses, avec la batterie. Puis Lori Goldston et Chris Cochrane c'était vraiment excellent. Lui je l'avais vu à Times Square dans un trio renversant The Chutney's. Une légende.

Mercredi 27 septembre

Une journée à travailler. Préparation d'un téléphone important demain. Préparation d'une réunion importante après-demain. Cuisiner une batch de pâtes. Pas de concert.

Jeudi 28 septembre

Une journée à travailler. Je commence par un gros téléphone stressant pour le projet novembre 2024, puis je vais pour la première fois dans le quartier Hell's Kitchen pour aller travailler dans un café. Planification de la réunion du lendemain. Un peu de tâche de coop pour mon appart à Québec. Je rentre à pieds, une grande marche où je croise par hasard le New York qu'on voit dans les films : panneaux-réclames illuminés, klaxons, sirènes, marée humaine, gratte-ciels. Quelle ville magnifique et quel chaos!

Pas de temps pour la musique aujourd'hui. Enfin, pas pour en écouter en concert ou en jouer, car effectivement le reste de mon temps je l'ai passé du côté de la musique à venir, creux dans le fossé de l'admin.

Vendredi 29 septembre

Flash flood Warning! Avertissement d'inondation ce matin. Je cherche un peu et je trouve une vidéo sur twitter où on voit une station de métro remplie d'eau, chute d'eau sur les rails, chute d'eau dans les escaliers, les New-Yorkais que rien n'arrête passent dans la vidéo et on voit leurs beaux espadrilles immergés par-dessus la semelle. Quand il pleut ici, il pleut pour vrai, abondamment, et ça n'arrête pas. L'automne ressemble vraiment à l'automne.

Je continue à stresser pour mon aller-retour à Rimouski de la mi-octobre, c'est vraiment bientôt et je n'ai toujours pas trouvé de transport. Tergiversons.

L'options que je préférerais serait une place dans un covoiturage New York - Montréal sur Amigo Express, un site par lequel j'ai booké des centaines de déplacements, surtout Québec-Montréal, je serais en confiance. Je partirais de NYC le 12 ou 13 octobre, puis je dormirais à Montréal (ou pas) pour arriver à Québec le 13 ou 14 octobre, récupérer mon violoncelle poche là-bas et partir pour Rimouski le 14 octobre avec les collègues. Les prix c'est entre 60$ et 75$ pour NYC-Montréal, 6 h de route et un peu plus je suppose, avec les pauses. Mais pour l'instant, je vois des covoiturages le 10 octobre et le 16 octobre, rien entre les deux. Je continue à vérifier tous les jours si quelque chose apparaît le 12-13 octobre... et le 18-19 octobre pour le retour.

Autre option, le train. Le prix est très raisonnable à 70$ pour New York - Montréal. Par contre la durée du trajet est dégueulasse : 12 h de route. J'aurais l'option de traîner mon violoncelle en lui achetant un siège plein prix. Ça ça me tente. Départ 12 octobre 8 AM, arrivée 12 octobre 8 PM à Montréal. Dormir, départ de Montréal le 13 octobre en covoiturage (payer double si j'ai le violoncelle, ça ne serait pas ma première fois). Coupe de cheveux par Lux? Départ de Québec le 14 octobre. Travail à Rimouski 15-16-17 octobre. Rimouski-Québec le 18 octobre. Québec-Montréal le 18 octobre pas le choix. Dormir à Montréal. Reprendre le train Montréal-NYC le 19 octobre 11 AM, arrivée 11 PM. Ça me tente.

Autre option, bus. Cette fois ça serait entre 8 h 30 et 9 h 30 de route et il y a une multitude d'options, d'horaires, de prix.
- Adirondac Trailways : 100$, une option de jour (prend toute la journée, tant qu'à ça je prends le train), une option de nuit (ark, mais possible)
- Greyhound : entre 80$ et 150$ avec des départs le matin, l'après-midi, la nuit...
- Flixbus : entre 100$ et 200$ (ok non, c'est un revendeur de Greyhound qui se fait tout un profit en revenant sur le site de Flixbus!)
- Busbud : bizarre de trouver des départs de FlixBus à 80$ sur le site de Busbud, mais pas sur le site de Flixbus. Magasiner les autobus ça feel vraiment comme flirter avec l'arnaque tout le temps.
En tout cas, plus je regarde ça, plus je me dis que violoncelle ou non, je pense que je préfère que ça prenne 12 heures en train que 8 heures en bus. En même temps, j'ai fait pire, je me rappelle des Montréal - Gaspésie en bus. 12 h. Ark.

En avion? Je vérifie. Euhhhh New York - Montréal c'est 140$, surprise! Moi qui pensais que c'était dans les 400$. Là il faut que je me décide, plus je niaise, plus les prix augmentent. Je pourrais voyager juste avec mon petit sac à dos, zéro stress. Il y a un vol à 15 h, atterrissage à Montréal à 16 h. Bon, je pense que... Je continue à regarder, pour 250$ je serais rendu à Québec... Tant qu'à faire, le 100$ de différence c'est le prix que je payerais pour un Orléans Express en bus de Montréal. Ça me permettrait de partir le 13 octobre. Je fais l'aller-retour?

Ok non, après avoir fait le test en choisissant les vols les moins chers, mon aller-retour à Québec en avion, avec les frais et tout, m'aurait coûté 700$ canadiens. Fuck. Les frais!

Bon. J'ai réservé un aller simple le 13 octobre sur Air Canada pour 238$ tout inclus. Shit ça fait 330$ en argent canadien. Bon. On verra bien pour le retour. Fini de tergiverser là-dessus. Pour l'instant. Peut-être que j'essaierai le train au retour.

Une réunion plus tard, l'état d'urgence se poursuit et ça ne change rien pour moi. Déjà 17 h et j'ai cette impression de n'avoir rien fait de la journée! Alors que je n'ai pas arrêté.

Je crois bien que les concerts de ce soir seront annulés. Je viens de recevoir un email de l'endroit où je vais nager, qui informe qu'ils seront fermés pour la soirée.

dimanche 24 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 50-51-52-53-54 sur 151

Il y a quelques mois, j'ai vu passer sur facebook une personne qui lançait une campagne de sociofinancement pour se payer une deuxième maîtrise, dans un autre pays. La personne disait vouloir pouvoir continuer à vivre de son art tout en entamant ce projet. J'ai trouvé ça tellement insensible comme demande, quand on sait à quel point le monde qui en arrache autour de nous. Non mais, ça prend du front tout le tour de la tête. En plus, la personne qui écrivait sur facebook a déjà eu plusieurs subventions pour ses projets. Je n'ai rien dit. Mais je trouvais la demande ridicule. Pourquoi donc? Il me semble qu'en temps normal mon réflexe serait de supporter une personne qui a un projet. Est-ce mon éducation catholique qui me souffle à l'oreille qu'il faut toujours nécessairement souffrir pour se mériter ce qu'on veut? C'est vrai qu'une partie de ma réaction négative à la campagne de financement, c'est que ça ne pouvait pas être facile comme ça, que la personne devrait faire des sacrifices pour se payer son projet (comme si je connaissais toute l'histoire). Est-ce mon éducation à Radio X qui me fait penser du mal de quiconque fait autre chose que fermer sa gueule et travailler temps plein? Parce que je me suis vraiment dit : « si tu veux une deuxième maîtrise en arts, je m'excuse mais tu vas nous laisser tranquille et aller travailler un an une job de marde comme tout le monde », avec mon accent Jeff Fillion. Est-ce la jalousie de voir cette personne quémander encore, oser demander publiquement, et possiblement obtenir du succès, après avoir déjà reçu encore et toujours des subventions? Car ça aussi c'est dans l'air du temps. Il faudrait que ceux qui reçoivent un subvention cessent toute critique au subventionneur, autrement dit on sent que les artistes soutenus au public ne devraient plus avoir un regard critique sur la politique. Je m'éloigne. J'ai donc une réaction paradoxale à cette campagne de sociofinancement : en théorie, je la supporte ou, mieux, elle m'indiffère, car tout le monde peut bien s'essayer dans vie et à la limite que je suis quasiment jaloux de qqun qui a le sans-gêne de s'exposer comme ça; en pratique, ça m'énerve tellement et je me dis : « y'a toujours bien des limites! », avec mon accent de Beauport.

Surtout, je ne veux pas qu'on pense ça de moi. Je ne veux pas qu'on me lise ici me plaindre que je ne trouve pas de bon pain pour déjeuner nulle part, alors que je suis dans un énorme appartement subventionné que personne dans mon cercle rapproché ne pourrait se payer. Je repense souvent à cette publication facebook, à ma réaction, et je me dis qu'il faut, en relisant ce que j'écris ici, que je me mette à la place de moi qui lisait la publication facebook d'une autre personne privilégiée. Car peu importe les épreuves du quotidien, je parle d'en-haut de l'échelle pour ainsi dire. Desfois, je passe des journées complètes sans parler à personne et je trouve que la solitude dans la grande ville, si prévisible, si ordinaire, mais si réelle, est bien secondaire à l'opportunité en or d'être ici. Il y a un dosage à faire. Je reviendrai sûrement sur cette réflexion, qui touche également à la lutte des classes, qui me saute aux yeux de plus en plus ici.

Résumé de la semaine :
Mon premier concert lundi (bof!), puis tout d'un coup un gros rush de travail mercredi-jeudi, puis face-à-face avec la virtuosité.

Début d'automne très franc. On est passé tout d'un coup, il y a quelques jours, des 30°C ensoleillés jour après jour aux 16°C venteux, gris, pluvieux, annonciateurs qu'on va geler dans pas long il me semble.

Mercredi 20 septembre

Eh bien tout d'un coup gros rush de travail pour mon concert novembre 2024. J'en reviens encore toujours pas, c'est vraiment étrange de passer autant de temps à planifier une improvisation dans plus d'un an! Toujours est-il que là on me demandait une description du duo (qui n'existe pas encore, mais faut ce qu'y faut, il y a quelque chose à dire certainement), bio de elle, bio de moi, puis une autre info, puis un autre plan de concert concurrent, essayer d'arrimer ça, passer proche de tout voir tomber à l'eau, retour au plan initial.

En tout cas, je suis retourné à mon nouveau petit café préféré le Joe Coffee, je me suis installé avec mon laptop et j'ai écrit jusqu'à la fermeture à 20 h.

En revenant, il était vraiment temps que je mange et j'ai vécu un beau moment new-yorkais. Je marchais à la recherche d'un plan de souper, un végé burger peut-être, tout sauf une pizza. Je sentais le petit tremblement de corps de quand on sort d'un tunnel d'hyperfocus, l'œil un peu sec et vagabond, les membres pas bien synchronisés (après ça je me demande pourquoi m'asseoir devant une demande de subvention n'est pas mon activité préférée...) et tout ce qu'il me restait dans le corps était un peu de café. Je marchais en me disant que dans cet état là, s'il m'arrivait quelque chose je n'aurais pas la force de sauver mon précieux ordinateur. Et je ne trouvais rien à manger. Les vrais restos c'est trop cher, je ne vais jamais là. Les fast-foods avaient l'air dégueulasses. Mais fallait bien manger quelque chose. En désespoir de cause — ok, c'est ici le dosage à faire, il faut que je me permette de décrire un petit désespoir momentané sans qu'on pense que je suis ingrat par rapport à ma situation à l'appart, à NYC, etc. — je décide d'aller au dépanneur me ramasser quelque chose en attendant de trouver une place à végé burger. Eh bien, miracle du deli! J'entre au dépanneur et non seulement il y a un comptoir à sandwiches et même quelques tables, mais ils font des végé burger. Hourra. J'ai donc lu mon Proust en soupant vers 21 h, l'heure déraisonnable des rushes de travail inattendus. 

Jeudi 21 septembre

Le matin j'ai complété ce qui m'avait été demandé la veille, j'ai livré la marchandise comme d'habitude. Puis j'ai passé une bonne partie de la journée à écouter le mastering du vinyle que je vais sortir bientôt. Encore beaucoup de temps à être très concentré à l'ordi, car écouter 45 minutes de musique ça prend beaucoup plus que 45 minutes. Surtout quand il y a deux versions à évaluer et commenter.

Puis en soirée un autre concert de la musique de John Zorn, cette fois dans un petit amphithéâtre de l'université Columbia, dont ça m'a donné l'occasion de voir le campus.

J'ai essayé de prendre en photo la lune sur le campus de Columbia University.
Mon téléphone cheap a fait ce qu'il pouvait!

21 septembre @ Miller Theatre at Columbia University, Morningside Heights Manhattan
Zorn@70 Music for Strings
Circe, a magical invocation for two trumpets (2019) [Peter Evans (trompette), Sam Jones (trompette)]
Sigil Magick: A Curious and Detailed Exposition of Sigils, Signs, and Hieroglyphs Peculiar to the Occult Orders, Hermetic Brotherhoods, and Dark Mystery Schools of the Late Middle Ages, for string quintet (2020) [JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), Christopher Otto (violon), John Richards (alto), David Fulmer (violon)], Michael Nicolas (violoncelle)]
The Gas Heart, a mini opera for two celli and two percussionists (2020) [Jay Campbell (violoncelle, voix), Sae Hashimoto (percussions, voix) Michael Nicolas (violoncelle, voix), Ches Smith (percussions, voix)]
Prolegomena to Any Future Metaphysics That Will Be Able to Present Itself as a Science for string sextet (2020) [JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), Christopher Otto (violon), John Richards (alto), David Fulmer (violon)], Yura Lee (alto), Michael Nicolas (violoncelle)]

Quand on a l'œil pour ça, c'est drôle de voir les institutions et leurs rigidités transparaître. Ici, un petit détail dans le titre, qui en cache certainement d'énormes dont on ne devinera jamais les sueurs qu'ils ont donné aux petites équipes administratives derrière. À l'occasion de ses 70 ans, John Zorn présente une multitude de concerts, incluant un festival complet à San Francisco, des concerts au Minnesota et des concerts ici dont celui-ci et celui que j'ai vu il y a quelques semaines à Roulette, Brooklyn. Tous les concerts s'appellent « Zorn@70 ». Le compositeur avait fait la même chose à 60 ans, avec une énorme série de concerts « Zorn@60 ». Eh bien, qui est-ce qui n'embarque pas dans le concept? L'université Columbia. Le titre du concert de ce soir : « John Zorn at 70 » au lieu de « Zorn@70 ». Et c'est certain que ce n'est pas un oubli ou une erreur, ils doivent avoir des lignes directrices pour les titres de concert quelque part, et pour une exception il faut sûrement faire une réunion au sommet, sortir le jeu de Ouija, invoquer les pères fondateurs, signer des dérogations. En tout cas, ils l'ont pas fait et ils sont les seuls de toute la série de concerts à détonner. Boouuuh! Ça n'a pas empêché la musique de se passer. Et ça se passait.

Je n'ai pas vu un concert de musique de chambre aussi virtuose depuis longtemps. Il y avait quatre pièces très contrastantes au programme. Leur seul point commun était de compter chacune une multitude de cues très précis, où deux musicien·nes ou plus doivent arriver tout à fait en même temps, une multitude de changements d'ambiance radicaux et instantanés, ainsi que des changements de modes de jeu.

Les interprètes en avaient vu d'autre. Mon attention était évidemment sur les deux violoncellistes, qui passaient si aisément de des passages de musique écrite ultra-rapide, ultra-difficile, ultra-agile à des sections complètement bruitistes où l'archet s'utilise d'une manière complètement différente. En une vie à voir des concerts de toutes sortes, j'ai vu des virtuoses de la note, j'ai vu des virtuoses du bruit, mais j'ai rarement vu des musicien·nes passer d'une esthétique à l'autre comme ça, de façon aussi brillante en plus.

Depuis mon arrivée à NYC, je découvre la crème de la crème de la musique expérimentale, des gens qui ont un langage tellement personnel qu'on ne peut les comparer à personne. Mais là, dans ce contexte plus traditionnel (par exemple, les violoncellistes jouaient du violoncelle de la façon à ce qu'on s'attend qu'ils jouent du violoncelle, malgré que le répertoire soit nouveau), je peux dire que j'ai vraiment eu sous les yeux parmi les musicien·ne les meilleurs du monde. C'est certain, on le sait qu'on trouve ça à New York, là j'en ai vu.  Des technicien·nes incroyables, ne ratant aucune note, aucun changement de tempo, d'une synchronicité parfaite dans le jeu d'ensemble, mais également des gens loin d'être des robots, ça joue intense, avec du gros coup d'archet quand ça en prend, la corne d'abondance des contrastes. Tiens!

Et John Zorn. Il est souvent présenté ou perçu comme un agitateur de l'avant-garde, un saxophoniste improvisateur iconoclaste, un drôle d'oiseau finalement, reconnu pour son travail, mais toujours un peu avec un petit sourire en coin. Ce soir là, j'ai vu le travail d'un compositeur plus posé, méticuleux même; j'ai entendu dans ses partitions entre autres la grande influence de la musique contemporaine européenne du début du XXe siècle. Je pense qu'éventuellement, si on peut consacrer une heure ou deux de moins à Beethoven dans les cursus d'histoire de la musique (on y passe déjà la moitié de l'année, ça devrait aller), ça pourrait être au profit de Zorn, quelqu'un qui a su faire son chemin en jazz, en free jazz, en free tout court, mais aussi en musique de tradition classique, une musique qui pourraient être comprise et appréciée par les éminences grises des universités, s'ils pouvaient s'enlever leur petit sourire narquois de la face.

Entre les pièces, à son habitude John Zorn venait sur scène présenter fièrement les musicien·nes, sans micro, pendant les applaudissements. On ne comprenait rien, c'est la tradition. Puis il présentait sa musique en termes simples, avec juste assez d'anecdotes pour reprendre notre souffle et diriger notre écoute, sans toutefois la guider complètement. Puis, il sautait en bas de la scène. Au lieu de descendre les trois marches de l'escalier. C'est sa personnalité, dans le Miller Theater comme dans le loft où il a commencé je suppose. Sans façon avec son t-shirt noir de je sais pas quoi et ses culottes d'armée camo noir et blanc (il portait les mêmes à Roulette). C'est peut-être pour ce manque de decorum qu'il n'est pas enseigné dans les milieux plus conservateurs. C'est peut-être cette intégrité qui lui donne la force de continuer. En tout cas, il n'a aucunement l'air de 70 ans, pas même de 40 ans je dirais.

Malgré tout ça, je n'ai jamais été un grand fan de John Zorn. Il faut dire que sa musique d'inspiration plus trad' m'énerve. Peut-être que je n'ai pas pris le temps de bien écouter la partie de son énorme discographie avec laquelle j'ai plus d'atomes crochus, comme les pièces de ce concert. 

Je lis la critique du concert dans le New York Times (et quelle critique! bien écrite et dans laquelle on apprend une foule de choses) et j'ai encore une fois ce sentiment d'être au « centre du monde ». Le New York Times est cette institution culturelle mondiale, et voilà que le concert dont ils parlent, eh bien c'est le concert que je viens de voir. Je ne sais pas si les habitant·es de New York se rendent comptent qu'ailleurs dans le monde, on ne parle pas dans le New York Times des concerts que nous sommes allés voir.

Vendredi 22 septembre

Un peu moins de péripéties en ce vendredi. Sortir lire dans un café me fait voir du monde un peu, changer de paysage, et ultimement me joue un bon tour pour me rapprocher de l'épicerie. Puis une pratique de violoncelle. Puis un concert.

22 septembre @ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
trio [Lori Goldston (violoncelle), Shoko Nagai (accordéon, électroniques), Tor Snyder (batterie)]
quartet [Lori Goldston (violoncelle), Shoko Nagai (accordéon, électroniques), Tor Snyder (batterie), ??? (guitare électrique)]

C'était cool de revoir la violoncelliste Lori Goldston et jaser avec elle un peu. Et l'entendre jouer encore une fois surtout.

Samedi 23 septembre

Aujourd'hui j'ai presque pris une pause, avant de m'enligner sur ma séquence d'exercices de physio (je l'ai déjà fait plus souvent), suivie d'une longue pratique de violoncelle, suivie d'une longue séance de lecture Proust dans le café ouvert par Hugh Jackman, suivie d'une session de nage de 1500 m à ma piscine habituelle, suivie d'un concert.

23 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
Shimmer Wince [Lesley Mok (batterie), Adam O'Farrill (trompette), Mariel Roberts (violoncelle), Elias Stemeseder (synth), Anna Webber (sax ténor, flûte traversière, flûte basse)]

Encore la virtuosité au menu, décidément! Cette fois du côté un peu plus jazz, jazz contemporain, avec des métriques impossibles, des bouts plus free, encore un trompettiste tellement virtuose, une violoncelliste d'une justesse implacable, une leader au sax ténor qui n'avait rien besoin d'ajouter pour être si charismatique. Un peu moins pour moi musicalement, avec des thèmes et mélodies joyeuses qui me touchent moins, mais wow j'avais la mâchoire à terre tout le long du concert. Vraiment impressionnant. Le travail du synthétiseur aussi était remarquable, c'est drôle c'est lui qui amenait un côté imparfait à l'ensemble, avec des sons travaillés pour être un peu à côté, un peu faux alors que c'est lui qui a la machine la plus infaillible pour l'intonation.

Ceci dit, on n'entendais pas bien le violoncelle. Autant ce soir là à The Stone avec la violoncelliste Mariel Roberts (que je découvrais), que la veille à P.I.T. avec la grande Lori Goldston, que moi-même lundi il y a quelques jours! Qu'est-ce qui se passe avec le violoncelle à NYC. Comme disait la Oldsmobile Cutlass Supreme : « La pression d'huile est basse, il faut y voir sans délai. »

Dimanche 24 septembre

Ce soir je retourne voir Lori Goldston à P.I.T. je pense. Entre temps, vaisselle, lavage, prendre le temps d'écrire ceci. Il faudrait vraiment que j'aille démêler ce que j'ai à faire comme demande de subvention pour le projet de concerts en novembre 2024. Ça ne peut pas être si compliqué! Je pense qu'une date butoir approche. Je n'arrive pas à me mettre au travail là-dessus. À suivre.

mardi 19 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 46-47-48-49 sur 151

En bref, ca y est j'ai joué mon premier concert à NYC lundi le 18 septembre et j'étais poche.

J'ai un autre concert de prévu, le 4 novembre prochain en grand ensemble sous la direction de Selendis Sebastian Alexander Johnson.

J'écris ceci sur la terrasse du Drip Drop Café à quelques rues de chez moi. Passe un vieillard plutôt désorganisé, enlevant puis remettant sa casquette : « What are these people doing? Do you know who Nam June Paik was? » Moi je sais. Résumé des derniers jours.

Samedi 16 septembre

Pas mal de travail, une bonne pratique de violoncelle, puis un excellent concert dans un petit appartement. Première visite dans le Lower East Side. Je suppose que le restaurant cheap East Side Mario's vient d'ici [NDLR : il s'agit en fait d'une chaîne de restaurant canadienne qui « s'inspire de l'ambiance au coin des rues Canal et Mulberry » (à 10 min de chez moi) dans le Lower Manhattan oui, mais techniquement dans le quartier Chinatown et non Lower East Side. Rions un peu.]. Il fallait monter six étages dans un petit escalier en colimaçon pour se rentre à l'appartement, pas de chance pour la contrebassiste arrivée en même temps que moi. J'ai officiellement proposé à l'organisatrice qu'un prochain concert de sa série se passe chez moi. À suivre.

16 septembre @ l'appartement de Olive, Lower East Side Manhattan
commissarié par Selendis Sebastian Alexander Johnson, série « We Are Greater Than (The Sum [From 1 To Selendis’s {=?=} Choice] Of 4n) », épisode #5.3/13
trio [Selendis Sebastian Alexander Johnson (trombone, composition), Lemuel Marc (trompette), Caleb Smith (trompette)]
trio [Cole Cotton (guitare électrique), Jackson Earles (violon), Kayla Kessler (contrebasse)]
Many Many Girls [Kwami Winfield (élastiques amplifiés, électroniques), Ani Blech (élastiques amplifiés, électroniques), Riley? (élastiques amplifiés, électroniques)]
trio [Francisco de la Garza (saxophone), Colson Jimenez (contrebasse), Hans Young-Binter (clavier)]

Many Many Girls ont réalisé notre fantasme à toustes d'entendre le son d'un énorme élastique amplifié. Le dernier trio de la soirée a largement défoncé le 25 minutes qui leur était alloué, et pour une fois j'étais d'accord. Sur le chemin du retour, j'ai trouvé les musiciens pour les ajouter sur instagram. That good. J'ai ramassé un bagel fromage à la crème au dépanneur le plus proche. 

Dimanche 17 septembre

Cette fois deux concerts en une journée, et tellement d'excellent·es musicien·nes que je ne connaissais pas et que je veux connaître!

17 septembre @ First Street Green Cultural Park, Bowery Manhattan
Fred Moten (poésie)
trio [Sita Chay (violon 5 cordes), Trae Crudup (batterie), Luisa Muhr (voix)]

J'ai pris une bonne marche entre les deux, mangé une sandwich de dépanneur, visité par hasard le quartier Koreatown avec tous les restaurants, bar, etc. coréens.

17 septembre @ Houghten Hall Arts Community's Josef Jefferson Room, NoMad Manhattan
Creative Music Studio Improvisers Ensemble [Ryan Easter (trompette), Sam Day Harmet (mandoline électrique, effets), Selendis Sebastian Alexander Johnson (trombone, composition), Celine Kang (guitare électrique), Shinya Lin (électroniques, alto), Lemuel Marc (trompette), Billy Martin (percussions, objets), Orchid McRae (batterie), Aaron Rubinstein (guitare électrique), Kwami Winfield (trompette, électroniques), Hans Young-Binter (clavier)]

Méchant ensemble, tout le monde tellement talentueux, en particulier celui qui jouait des électroniques.

Lundi 18 septembre

Toute une journée dans l'appart à travailler, plier du linge, déjeuner, dîner, j'ai même fait une sieste. Puis c'était mon premier concert à NYC.

18 septembre @ Record Shop, Red Hook Brooklyn
organisé par Sandy Ewen
Rémy Bélanger de Beauport (violoncelle), Aaron Pond (cor français, voix, flûtes), Ivy Woods (contrebasse)
Killick Hinds (genre de guitare électrique), Francesca Remigi (batterie)
Ravi Coltrane (sax, effets), Sandy Ewen (guitare électrique), James Paul Nadien (batterie)

Le set de Ravi Coltrane, aussi connu sous le nom de fils-de-John-Coltrane, était incroyable. Trois langages très différents se rencontraient : Coltrane est du côté jazz, free jazz transcendantal, free jazz transcendantal joué dans un stade avec grosse reverb et harmonizer à l'appui; Sandy Ewen arrive elle avec des bruits de springs, borborygmes de toutes sortes, petits feedbacks suraigus, genre de pâte organique et électronique à la fois; James Paul Nadien vient du métal ou du punk ou je sais pas trop, son approche est plus brute, son jeu sonne sec, même les cymbales pour la plupart sont presque sans résonance, il est du genre drummer hyperactif avec mille idées par minutes, et il les joue toutes, et ça se tient.

Avec trois approches aussi différentes, soit que chacun dilue un peu son jeu pour se rapprocher de l'autre et dans le meilleur et plus improbables des cas ça marche et on se dit wow, je n'ai jamais vu telle personne jouer comme ça, soit chacun reste ferme sur son langage et avec un peu beaucoup de chance ça marche. Et c'était ça hier, le jazz et les pets de guitare sans concession comme brodés sur le même macramé par le crépitement multiforme du drum.

Quand à moi, mon trio, c'était poche! Tellement pas bon. Décevant. J'avais apporté de mes disques à vendre et je n'ai même pas osé les sortir de mon sac. En tout cas. Encore une preuve qu'on ne fait pas semblant d'improviser. Les risques du métier, ça arrive qu'on essaie et on ne réussit pas. Je m'en doutais avant qu'on commence, les deux gars sont vraiment vraiment gentils, mais un peu du genre surexcité, un peu du genre théâtral à la limite. Ça aurait pu marcher quand même, dur à dire. Dès les premiers sons, j'ai été surpris d'être complètement enterré par le cor français. Je ne sais pas si c'est moi qui jouait mal, mon violoncelle qui avait de la misère à sortir les sons, la salle qui était ingrate avec mes fréquences ou l'ensemble de ces réponses, mais je n'ai jamais trop réussi à percer par dessus le cor. Les deux collègues changeaient d'idée tout le temps, une genre de musique avec tellement de couleurs dedans qu'il n'y en n'a plus aucune. Que du brun. Honnêtement, je me répétais de revenir au corps, de juste y aller, mais aussitôt que quelque chose d'intéressant commençait à se passer, un des deux (ou peut-être même moi), tirait avec force dans une autre direction et rien ne levait.

Quelques personnes m'ont dit qu'ils avaient bien aimé, et je me suis bien gardé de leur dire ce que je pensais vraiment de ce qui venait de se passer; rien de pire que se faire dévaluer une impression artistique favorable par l'artiste même de qui elle a émané. Je jouerai amplifié la prochaine fois, comme ça si je trouve ça poche je ferai comme Ravi Coltrane et j'enterrerai tout le monde pendant qq minutes le temps d'assourdir tout le monde et laisser la musique se replacer en dessous.

Mardi 19 septembre

Feeling de dimanche matin. Je n'ai plus d'œufs alors je pars déjeuner aux bagels et lecture à Washington Square Park, puis marche du retour, épicerie au Target, du temps pour absorber la déconfiture d'hier, le soir arrive bien vite quand la journée de travail s'est terminée après minuit. Je voulais aller à un concert en début de soirée, puis aller nager, mais finalement je n'ai plus le temps de l'un et je ne sais plus si j'ai la motivation de l'autre.

Finalement je n'ai jamais réutilisé le lave-vaisselle


vendredi 15 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 44-45 sur 151

Jeudi 14 septembre

Grosse journée de travail aujourd'hui. Il est apaisant d'en retracer les heures et pouvoir dire que je montais tel document, que j'écrivais tel email, que j'avais telle rencontre teams, plutôt que de relater d'autres journées à tourner en rond et finir par sortir lire au café. C'est pourtant la même personne, le même travail, des facettes différentes du même travail sur lequel s'envole la journée, et au-delà de ça la même erreur de validation de son existence par le travail. Je travaille là dessus. Haha.

Moment marquant : je suis tombé nez-à-nez avec l'auteur, podcasteur et scientifique Joe Osmundson, dont je suis la carrière depuis maintenant quelques années. J'ai même son livre dans ma bibliothèque, que j'ai bien aimé. À un coin de rue, j'attendais pour traverser tout droit, il complétait sa traversée arrivant de ma gauche, on s'est regardé, un flash comme ça, moi je l'ai reconnu, lui n'a aucune idée de qui je suis. Puis il a poursuivi son chemin, avalé par une bouche de métro.

Moment marquant : j'ai fini par trouver un café où je suis bien pour lire. Ma persévérance a porté fruit. C'est une chaîne tout ce qu'il y a de plus standard — jusqu'au nom Joe Coffee, difficile de faire plus générique — mais l'ambiance sur le banc dehors, alors que la journée tombait, était parfaite. Rue étroite, quelques feuillus, des murs de briques en vue, murs de pierres, pas trop d'autos malgré l'emplacement, beaucoup de piétons, beaucoup de beaux piétons! à chaque fois que je levais les yeux je tombais sur une personne agréable à regarder, c'est quand même notable. Très tranquille. Alors j'ai avancé ma lecture de Proust et, puisque j'étais rendu assez proche, je me suis laissé tenter par un concert à The Stone. Je ne l'ai pas regretté.

14 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
Blacks' Myths [Warren Crudup III (batterie), Luke Stewart (basse électrique, électroniques)]
quintette [Melissa Almaguer (claquettes), Warren Crudup III (batterie), Janice Lowe (piano, voix), Aquiles Navarro (trompette), Luke Stewart (contrebasse), ? (trompette)]

WOW du gros stock. Luke Stewart le bassiste, quelle découverte, ça décape. Son duo surtout, je ne m'attendais pas à ça. La batteur est tellement punk par moments, puis complètement laid back quasiment hip hop, puis bruitiste, puis presque backbeat, masterful. En deuxième partie, un quintette avec entre autres une danseuse à claquettes virtuose let's go. Vers la fin de leur set — je devrais dire, 20 minutes avant que ça finisse par finir, parce que, quand même, au bout d'un moment, c'est comme un bon repas, on a beau vouloir, un moment donné ça ne rentre plus — un gars est sorti de la foule (la « foule » de 12 à 20 personnes, je n'ai pas vraiment regardé, j'étais en avant) avec sa trompette et s'est joint au band. Je n'étais pas trop sûr de si c'était prévu où pas, et je n'arrivais pas à lire dans les visages du band si ça leur plaisait ou pas qu'il s'intègre, mais à la fin Luke Stewart l'a nommé pendant les présentations et on semblait le connaître. Il était pas pire, mais moi j'aurais préféré qu'il attende d'être invité avant de jouer. Il y a un courant de pensée tout à fait légitime qui trouverait mon point de vue élitiste, ou anti-improvisation, à réfléchir.

Observation : ici, on présente systématiquement les musicien·nes pendant les applaudissements, à la fin du concert, sans utiliser de micro, ce qui fait qu'on n'entend rien de ce qui est dit. Drôle de pratique. Le lendemain d'un concert où il y a eu changement de programme, je fouille les internets, y compris toutes les stories instagram que je peux trouver, pour compléter l'info.

Vendredi 15 septembre

Je viens d'envoyer un email avec un document et toutes les informations pour le mastering de mon vinyle à venir. Une grosse étape de franchie pour ce projet. Ce soir, j'avais prévu aller voir Ellen Arkbro mais je ne sais plus si je veux payer 25$ (34$ canadien) pour aller entendre des « drônes d'orgue dans une église historique ». J'ai envie de retourner au petit café d'hier. Il faudrait que je pratique le violoncelle un peu aussi, surtout si je veux jouer amplifié lundi, car je n'ai pas encore testé le nouveau speaker ici avec mon pick-up, etc. Et puis j'ai envie d'aller nager ce qui serait incompatible avec un concert avant 20 h 30. À suivre.

mercredi 13 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 39-40-41-42-43 sur 151

J'ai un premier concert qui s'en vient! Ce sera bien modeste, le lundi 18 septembre devant un petit public au magasin de disques « Record Shop » à Red Hook, Brooklyn, et j'ai bien hâte. Je joue en trio avec des gens que je ne connais pas du tout, un contrebassiste (et mouvements?) et un corniste-vocaliste (et flûtes de bois?).

L'affiche élaborée par Sandy Ewen imite une boîte de réception gmail

Au cours des derniers jours, j'ai repris le travail sur mon projet de petite tournée en novembre 2024 (des emails, des emails, du stress, de la pression, des mini-succès, des mini-déceptions, de l'attente), sur mon vinyle à venir (édition de maquettes pour le matriçage, des emails pour confirmation de coûts, choix de la compagnie avec qui faire affaire pour le pressing) et sur mon aller-retour à Rimouski le mois prochain (essayer de trouver un violoncelle local, appel à la réceptionniste de l'école de musique du Bas-Saint-Laurent aka la personne la plus incompétente à qui j'ai parlé depuis longtemps, messages à deux violoncellistes locaux sans succès, check la page de amigo express régulièrement car les covoiturages d'octobre commencent à sortir).

Samedi 9 septembre

Ce soir là j'ai été voir une légende vivante, Roscoe Mitchell, saxophoniste, 83 ans. De combien de légendes vivantes n'ai-je jamais entendu la musique encore? De combien de légendes tout court? Il faudrait que j'écoute de la musique 24 h sur 24 en rattrapage il me semble. Mais ce n'est pas l'idée. Les hasards de se faire présenter des gens, leur musique; se faire présenter des musiques, leurs gens. Roscoe Mitchell jouait en duo avec John McCowen à la clarinette contrebasse. Du funambulisme leur affaire, toujours sur le bord de tomber, toujours repris de mains de maîtres. Le tout dans une église gothique à l'humidité et la chaleur étouffantes, dont les fenêtres n'ont pas dû être ouvertes depuis sa construction en 1844. J'exagère. L'organisation a distribué des petits éventails à tout le monde, et l'auditoire s'est transformé en champ de papillons géants.

9 septembre @ First Unitarian, Brooklyn Heights Brooklyn
présentation de ISSUE
Beam Splitter [Audrey Chen (voix, synthétiseur), Henrik Munkeby Nørstebø (trombone, électroniques)]
duo [Roscoe Mitchell (saxophone basse, saxophone sopranino), John McCowen (clarinette contrebasse, flûte à bec) 

En première partie, l'artiste que j'étais venu voir : Audrey Chen. Anciennement violoncelliste, maintenant vocaliste. Virtuose vocaliste. Elle a sa propre avenue, son propre boulevard à elle toute seule dans l'univers des gens qui font de la musique avec leur face et leurs cordes vocales. Elle jouait sous le nom Beam Splitter, duo avec un tromboniste absolument incroyable. Leur musique joue avec l'amplification très forte de sons qui autrement seraient peu audibles. On se sent comme à l'intérieur du trombone, à l'intérieur de la bouche, et ça prend aux tripes, quand même. J'écoute leur plus récent disque en écrivant ceci, et je confirme que ça ressemble très bien à ce que j'ai vu en concert, sauf un détail fort étonnant : les durées des pièces. Sur disque, Beam Splitter propose des petites vignettes de moins de 2 minutes, puis une longue pièce de 22 min (je reconnais bien ce chiffre, la limite poussée à bout de ce que peut prendre un côté de disque vinyle), alors qu'en concert ç'a été une longue plage de 45 minutes, en constante évolution. Gros show. Audrey Chen est vraiment épeurante, dans le bon sens. Son disque Jitter avec son trio Mopcut est dans mon panthéon personnel des meilleurs albums jamais entendus.

Dimanche 10 septembre

Rien à signaler en ce dimanche 10 septembre. J'avais prévu aller voir un concert extérieur en après-midi, mais il a été annulé à cause de la pluie. Je vois dans mes dépenses que j'ai été prendre un café avec une chocolatine, ah oui, ça me revient, pas toutes les journées se doivent d'être exceptionnelles. Puis j'ai fait une bonne pratique de violoncelle, accompagné du nouveau speaker enfin.

Lundi 11 septembre

Je me suis permis une rare sortie au restaurant, tiens. Je n'avais plus rien à déjeuner alors je me suis payé une crêpe ricotta, épinards au Cafe Reggio pas très loin d'ici. J'en ai profité pour lire Proust, mais aussi envoyer plusieurs messages de travail à ma petite table et lire quelques pages des sites du CALQ et CAC en marchant sur le chemin du retour avec un arrêt à l'épicerie. Il me semble que j'ai travaillé et tourné en rond toute la journée après ça. Bien des gens font ça au bureau je suppose.

Début de la session de yoga ce soir là, qui aura maintenant lieu les lundis de 19 h à 20 h. Un peu flush pour la vie d'amateur de concerts. Je voulais aller voir Ingrid Laubrock justement, en duo avec des électroniques, mais c'était 25$ et c'était à 20 h (ouverture des portes à 19 h) à Roulette, cette salle où j'étais arrivé 30 minutes à l'avance l'autre fois par erreur, et où j'avais été étonné de voir une longue file commencer à entrer. J'ai choisi le yoga pour cette fois. Pas de concert. Sortir du yoga à la noirceur à 20 h plutôt qu'à 19 h — la classe était une heure plus tôt cet été — m'a donné un feeling d'automne.


Ma vue en sortant du yoga à Stuyvesant High School

Je n'ai assisté à rien de spécial en ce 11 septembre, mais le très beau Tribute in Light du 9/11 Memorial a accompagné ma marche du retour. Un bel hommage bien sobre alors que les tours jumelles revivent chaque année pour quelques heures sous forme de faisceaux de lumière blanche jusque dans le ciel. Sur la photo, on dirait qu'un seul faisceau sort d'un petit gratte-ciel, mais c'est une illusion, en tournant plus loin, on voyait bien les deux faisceaux partant du sol.

Mardi 12 septembre

L'horaire de la piscine a aussi changé depuis la rentrée. En semaine, ouverture à 19 h, que j'ai fini par skipper car le temps passait vite et j'ai préféré aller à ce concert en plusieurs parties.

12 septembre @ Downtown Music Gallery, Chinatown Manhattan
Flip City [David Aaron (sax), Dave Gould (batterie), Nick Panoutsos (contrebasse)]
trio [Jon Elbaz (piano électronique), Aidan O'Connell (contrebasse), Brandon Terzakis (batterie)]
Steve Baczkowski (solo sax)

Le set de Steve Baczkowski était incroyable. J'ai jasé un peu avec Bruce, le propriétaire de Downtown Music Gallery. Un vrai passionné, il n'a manqué aucune édition du FIMAV depuis 1987, il organise des concerts tous les mardis à son magasin, pas de prix d'entrée, de 18 h 30 à 22 h 30, il connaît tout le monde, toutes les étiquettes de disques, je le croise aussi à The Stone et à d'autres concerts en ville. Un personnage, un pilier.

Mercredi 13 septembre

C'est aujourd'hui ça. Le soleil est revenu. Plan du jour réaliste : écrire ceci, écrire un document de directives pour le matriçage de mon vinyle à venir, pratique de violoncelle, natation en soirée.

vendredi 8 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 37-38 sur 151

Finalement mon plan de mercredi n'était pas réaliste. Après les 53 minutes de retard sur mon plongeon du midi dans le site du CALQ, je me suis connecté et j'ai commencé une demande de subvention (recyclage de celle qui vient d'être refusée). J'ai passé une demi-heure là dessus à trouver le bon titre et le bon résumé, utilisant tous les caractères disponibles. Ça m'a épuisé, et au lieu de faire le bel après-midi productif prévu, j'ai dû niaiser sur internet, écouter des vidéos drôles qui n'impliquent rien de l'intellect. Et j'ai fini par me secouer vers 16 h, fait une pratique de violoncelle très satisfaisante, été nager pour 19 h et j'ai pu arriver à temps pour un très bon concert à 20 h 30. Journée sauvée.

6 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
trio [Wendy Eisenberg (guitare électrique, voix), Ryan Sawyer (batterie, voix), Lester St. Louis (violoncelle)]

C'est bien de revoir un concert une deuxième fois, dans un contexte différent, c'est rare que ça se produit. J'avais vu ce trio il y a une semaine, dans une salle où on les avait amplifiés comme un groupe de indie rock des années 2010 : gros bass drum, guitare léchée, violoncelle bien en arrière. À The Stone, presque pas d'amplification sauf l'ampli de Wendy Eisenberg sur scène (très fort, à la new-yorkaise), ça donnait sec mettons. Et le trio a donné presque le même show les deux fois, quelques pièces qui s'enchaînent sur une heure. Wendy Eisenberg amène une influence indie folk à son jeu sinon assez free, atonal, un peu free jazz. Presque pas d'effet, malgré le pedal board avec son nom dessus.

Jeudi 7 septembre

Mon plan de la veille ayant échoué, j'ai décidé de le reprendre en partie. En commençant par plier du linge qui traînait sur le rack depuis quelques jours, puis l'épicerie mon activité préférée (sarcasme). Avec la canicule, il fallait être stratégique et éviter le soleil direct à tout prix en revenant! Puis j'ai dîner, un peu de niaisage internet, un peu de lecture au café pas loin, une excellente pratique de violoncelle, retour à la nage pour 19 h et retour à un autre concert à 20 h 30.

7 septembre @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
duo [Caroline Davis (sax, voix), Wendy Eisenberg (guitare électrique, voix)]

Première fois que je voyais ou même entendais Caroline Davis. J'ai vraiment aimé son approche un peu off quand ça lui tente, hyper technique si ça lui tente, très fort, très doux, puis la voix aussi comme gênée et pas gênée à la fois. Elles ont fait des compositions où il y avait une bonne part d'improvisation, de lousse, un peu comme le trio d'hier. Et encore une fois je reconnais un peu plus le jeu de Wendy Eisenberg. C'est une fine line l'univers des notes, de la musique où il y a principalement de notes et moins de bruits, toujours à un cheveu d'évoquer Beethoven, k.d.lang ou John Patitucci. À la guitare, on ajoute la géométrie du manche, les frettes, ce que la main humaine est capable de faire. En tout cas Eisenberg a trouvé sa façon d'être un peu en dehors de tout ça, sans avoir peur de montrer ses racines.

Vendredi 8 septembre

Je pense que le refus du CAC m'affecte plus que ce que je ne le voudrais. Je voudrais passer à un autre appel tout de suite. Je trouve ça assez frustrant de n'avoir droit à aucun retour, d'accepter que je ne saurai jamais pourquoi mon projet n'a pas passé. Ça me fait penser à mon premier cours du bacc. en composition avec le marâtre professeur John Rea. Il nous avait donné comme premier devoir write a beautiful melody et j'avais passé des heures là dessus à réfléchir à ce que voulait dire la beauté pour moi, à ce que voulait même dire « une mélodie », jusqu'où on peut pousser ça, un enchaînement de notes, ça se chante? j'avais essayé tellement d'affaires, et puis j'avais couché sur papier tsé mon magnum opus sur une ligne, presque remis en tremblant la plus belle mélodie que j'avais pu imaginer. Rea m'avait retourné mon papier avec la note D (mauvais), aucun commentaire et la demande de le refaire. Faut tu être une vidange! Je commençais l'université, j'étais dans un milieu de jeunes à qui on a servi Brahms au déjeuner depuis la plus tendre enfance pendant que chez moi c'était Ginette Reno et Jeff Filion, et malgré ça j'avais réussi à être accepté à McGill, j'avais développé une compréhension et surtout une vrai passion pour la musique contemporaine, expérimentale, et là il fallait écrire une beautiful melody et je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait bien vouloir dire, dans le contexte, et surtout pour ce vieux con là. J'ai fini par comprendre que puisque c'était le cours de composition tonale, il fallait faire des pastiches de Mozart, Beethoven, etc. Ça n'a jamais été explicité, mais l'esthétique de cette époque là c'est : symétrie, simplicité de l'harmonie. Si je n'ai jamais eu de plaisir dans la classe de Rea, et dans aucune situation où j'ai été proche de cet immonde individu, au moins j'ai fini par pouvoir m'assoir dans son bureau, lui donner le plaisir de me faire sentir comme de la marde en personne, et repartir enfin avec un peu de feedback. Là le CAC c'est : des dizaines d'heures de travail, investissement émotif quand même, 6 mois d'attente, un refus dans une lettre générique, puis plus rien. Est-ce qu'il y avait une erreur dans mon budget? Est-ce que j'avais mal copié-collé un paragraphe? Est-ce que le jury a vraiment trouvé que le projet n'était pas intéressant? We'll never know! Et là je redépose sensiblement le même projet, juste à un autre jury, et il faut recréer l'enthousiasme et la fraîcheur alors que j'ai l'impression d'essayer de vendre quelque chose qu'un autre a brisé.

Aujourd'hui, je niaise je niaise je niase je niaise un lavage séchage étendage pliage vider le lave-vaisselle (ça y est, je ne lave plus jamais la vaisselle à la main) je me fais un deuxième café. Le speaker est en route, je vais enfin pouvoir écouter de la musique chez moi.

nouvelles lunettes de natation (devant) bien reçues, même marque même modèle, j'étais vraiment dû 


mercredi 6 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jour 36 sur 151

Mercredi 6 septembre

J'ai oublié de noter hier que la délégation a accepté de se procurer un speaker pour l'appartement. Je vais donc bientôt pouvoir écouter de la musique un peu plus fort, et même m'amplifier au besoin si je joue dans une situation où c'est préférable.

Aujourd'hui je me fais un horaire.

9 h en direction du très viral sur tik tok Popup Bagels NYC
achat minimum de 3 bagels et une schmear (mot emprunté directement du yiddish, donc de la tradition juive du bagel, sur lequel on étend, en anglais spread ou smear, en allemand schmieren, typiquement du fromage à la crème, ce que j'ai fait)

manger au Washington Square Parc en écrivant, en jasant sur mon cell, en observant les gens, et le temps file.

12 h prendre une heure pour lire les sites du CALQ et du CAC, à la recherche de :
- quoi faire avec mon projet qui vient d'être refusé
- sur quoi appliquer pour ma tournée novembre 2024
- les dates de tombées
pourquoi est-ce que les dates de tombées sont-elles si difficiles à trouver?! Ça dit qu'on peut déposer en tout temps, ok, mais dans les petits caractères on découvre que les demandes déposées après une telle date ne seront pas traitées avant 6 mois. Ça s'appelle une date de tombée ça.
Ça me gruge TELLEMENT d'énergie penser à des demandes de subvention, je sais pas comment les fameux « artistes subventionnés » (y en a-t-il tant que ça?) font pour faire ça saison après saison. Je me réserve 1,5 h là-dessus aujourd'hui, pas plus pas moins, comme une cuillerée de sirop pour la toux. Je suis déjà en retard de 20 minutes en publiant ceci. Et en retard de 53 minutes après avoir répondu à 3 emails que j'avais laissés en suspends depuis la mi-août concernant la tournée novembre 2024.

13 h 30 douche, pratique de violoncelle

16 h épicerie

18 h 30 me diriger vers la piscine, qui ouvre maintenant à 19 h, et nager jusqu'à 20 h

20 h 30 concert à The Stone

mardi 5 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jour 35 sur 151

Mardi 5 septembre

Je regarde les mitaines Louis Vuitton tous les jours. Ce serait une dépense folle, une dépense très Soho Manhattan New York, une preuve de l'envoûtement de la ville, un enflammement, transverbération. Mais pas encore. Je me suis quand même permis des lunettes de natation sur amazon, car les miennes sont complètement jaunies et laissent entrer l'eau — au « centre du monde », c'est la livraison sans frais en trois jours —, j'ai aussi acheté mon agenda Hobonichi pour 2024, car oui c'est au début septembre qu'il faut faire ça sinon il n'en reste plus, puis je me suis payé un petit médaillon de Lilith que je zieutais depuis plus d'un an, mais dont les frais d'expédition au Canada m'avaient toujours rebuté.

J'ai mon billet sur la guest list pour ce soir, spectacle de danse extérieur avec utilisation de basses fréquences et de panneaux de verre amplifiés à 19 h. Je crois que ça me donnera le temps d'aller voir un autre concert à 17 h. D'ici là, pratique de violoncelle? Il paraît qu'il fait 40°C en température ressentie à Québec! Ici, ouais ça va monter à 34°C avec 36°C en température ressentie vers 16 h.

5 septembre @ Thomas Erben Gallery, Chelsea Manhattan
duo [Michał Dymny (?), Shahzad Ismaily (?)]

5 septembre @ High Line, Chelsea Manhattan
Alexis Blake : Crack Nerve Boogie Swerve [Sofia Borges (panneaux de verre amplifiés), Marissa Brown (danse), Stefanie Egedy (basses fréquences), Kennedy Hill (danse), Hannah Seiden (danse), Leah Wilks (danse)]

lundi 4 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 32-33-34 sur 151

Samedi 2 septembre

Le site web principal que je consulte pour les concerts fonctionne par mois, c'est-à-dire que sur sa page sont affichés les concerts pour le mois seulement. Pas plus, pas moins. Donc le 31 août, je n'avais aucune idée de ce qui s'en venait pour les semaines à venir! Le 1er septembre j'ai lu en diagonale toute l'offre du mois qui commençait. Et le 2 septembre, j'ai pris un bon moment pour éplucher les trois prochaines semaines.

Puis j'ai été lire dans un café, dont j'ai appris qu'il s'agissait d'un projet de Hugh Jackman. Je ne pourrais pas dire qui c'est, mais je connais son nom, et le café était bon. Puis j'ai été nager. Puis je suis revenu.

Puis j'ai été voir un spectacle présenté par Relative Pitch Records, une étiquette de disque qui publie vraiment du bon stock et dont les publications régulières sur instagram donnent vraiment à voir le meilleur de ce qui se fait ici. Ici donc partout, on se sent vraiment au centre du monde à New York, j'y reviendrai sûrement, il y a moyen de sentir que tout le reste de la carte du monde est une banlieue insignifiante. Ceci dit, encore un concert vraiment solide, dans une salle où on était 10 personnes.

2 septembre @ Ibeam, Gowanus Brooklyn
duo [Sofia Borges (batterie), Signe Emmeluth (sax)]
quartet [Sofia Borges (batterie), Signe Emmeluth (sax), Brandon Lopez (contrebasse), James McKain (sax ténor)]

Ça y allait! Je suis arrivé passablement en retard, en partie parce que j'étais distrait en train de trouver à distance de l'hébergement pour Ingrid Laubrock de passage à Québec avant son concert à Rimouski, anecdote que j'ai racontée à son complice de longue date Brandon Lopez, ajouté à la dernière minute au concert. Vraiment impressionnant ce musicien. 

Dimanche 3 septembre

Est-ce ma journée de congé? Je pensais qu'on était samedi, que la veille avait été un vendredi. Je me suis levé et j'ai tout de suite été lire dans un café. Le soleil était déjà haut dans le ciel, il faudra éventuellement que j'arrête de m'en vouloir de ne pas me lever tôt quand mon occupation prioritaire est d'aller voir des concerts qui se terminent tard. Le soleil chauffait donc et j'essayais de me compresser sous le minuscule auvent. Sous quel angle se laisser emporter par New York aujourd'hui? Je vérifie que je ne vais pas manquer un concert qui aurait pu changer ma vie. Ok. Prendre un des traversiers qui entourent l'île? Une autre fois. Regarder les parcs, tous les parcs, tiens High Line, ça a l'air beau, 20-25 minutes de marche, go.

J'ai bien failli pogner un coup de chaleur, paysage peu ombragé au trajet ralenti par mille touristes, mais j'ai vu ce qu'il y avait à voir là. Un ancien rail de chemin de fer en hauteur, où la végétation croît grâce au hasard de graines transportées par les oiseaux il y a des dizaines d'années et au travail acharné de bénévoles, puis de développeurs. Aujourd'hui, une promenade bien aménagée, bien jolie, où on voit autant de l'ultramoderne tout en verre que du gentrifié générique ou des traces d'histoire bien vivante. Un moment, un vieux bloc appartement de 1934 au mur dangereusement effrité qui laisse poindre la brique, semble narguer ce bel immeuble tout en courbes complété en 2016 de l'architecte Zaha Hadid, juste avant qu'on arrive aux plus récents The Shed et Vessel (ils ont de la misère avec celui là, fermé au public).

De retour à l'appartement, repos, repos, un petit tour café lecture en début de soirée, puis une pratique de violoncelle jusqu'à 21 h. Toujours aucune communication avec le voisin d'en haut, dont j'entends le pas pressé et lourd pas mal tous les jours.

Lundi 4 septembre

J'ai essayé le lave-vaisselle. Ça m'aura pris un mois à plier. Une partie de moi a peur d'embarquer complètement dans le luxe, monter monter monter et que le retour à mon petit appartement de Québec soit un écrasement. Il y en a qui diront qu'un lave-vaisselle c'est la base, mais pour moi c'est loin, très loin des mes objectifs de vie; une question de choix, d'avoir trouvé un certain équilibre en diminuant les dépenses plutôt qu'en augmentant les revenus, bien que je travaille là-dessus aussi, et on voit que ça ne marche pas tout le temps, comme les demandes de subventions, par chance que j'organise mes flûtes, et donc l'absence de lave-vaisselle, pour ne pas compter là-dessus. Alors j'ai rempli le lave-vaisselle, il ne partait pas, j'ai cherché le bouton « start », j'ai écouté un tutoriel youtube de réparation de lave-vaisselle, je me suis demandé s'il n'était pas débranché, je n'ai pas trouvé la prise, je me suis imaginé vidant le lave-vaisselle et essayant de nettoyer le fond, je me suis imaginé demander aux gens de la délégation s'il y avait un problème avec le lave-vaisselle avant que j'arrive, j'ai imaginé leur surprise que j'aie fait la vaisselle à la main depuis un mois. Puis j'ai été étudier le panneau électrique, que j'avais dû fermer au complet l'autre fois quand il y a eu les chutes Niagara en pleine nuit dans la cage d'escalier. Une des switches que j'avais laissées fermées, car elle n'était pas identifiée, était juste sous une switch marquée « Kitchen ». Brrrr brrrr brrr et voilà le travail, c'était la switch du lave-vaisselle, je suis un vrai mécano.

J'utilise le lave-vaisselle. J'utilise l'ascenseur (juste pour monter, quand même, je descends encore par l'escalier). J'utilise l'air climatisé (je l'ai ouvert hier, retour de canicule, ça faisait plus d'une semaine que je n'y avais pas touché). Je profite donc, avec modération, de ce qui est à ma disposition maintenant, plutôt que de m'en empêcher pour prévenir quelque fictive dégringolade future.

Je me suis acheté encore deux billets pour des concerts de John Zorn  à venir. C'est maintenant où jamais. Le 21 septembre « Music for Strings » avec la pièce Sigil Magick qui est tout à fait dans ma talle, et une opérette pour deux violoncelles(?!). Le 16 novembre avec la grande soprano Barbara Hannigan que j'ai tellement regardée sur youtube, je ne peux pas manquer ça. 25$ du billet, plus les frais, plus le taux de change : total 79,55$ canadien. Pas trop de ça, pas trop.

J'ai une invitation, c'est à dire un billet gratuit, encore, pour aller cette fois à un show de danse avec un bon focus sur la musique, des basses fréquences qui font trembler tout le corps à ce qu'il paraît. C'est la percussionniste qui m'invite, on se connaît (à peine) de Berlin, elle va jouer des panneaux de vitre amplifiés. Demain ou après-demain.

Sinon, je commence à avoir envie de sortir dans un bar un soir. Pas pour un concert, juste un bar, queer si possible, avec de la musique pas trop désagréable pour moi. Je fais mes recherches, c'est plus compliqué que ça en a l'air.

vendredi 1 septembre 2023

studio du Québec à NYC : jour 31 sur 151

Finalement j'ai été voir deux concerts hier.

31 août @ Fotografiska Museum, Gramercy Manhattan
Lynn Ligammari trio [Lynn Ligammari (sax ténor), ?? (contrebasse), ?? (batterie)]

Je ne trouve plus nulle part les noms des autres musiciens, un peu poche quand même. La musique était très conventionnelle, du jazz de hall d'entrée, très bien joué, la saxophoniste sonnait bien et improvisait bien, mais tu voyais que c'était une gig safe, fallait pas jouer trop fort, les gens étaient là pour le verre de vin. En tout cas je pense. Le contrebassiste avait l'air vraiment bon, mais il n'avait même pas pris la peine d'apporter son ampli alors on devinait plus qu'on entendait clairement ce qu'il faisait. Le concert était supposé d'être en deux parties, avec une vibraphoniste solo pour complémenter le trio, mais elle avait dû se désister, comme je l'avais supposé hier.

En tout cas ça m'a donné envie d'aller voir ce qui se passait à The Stone à la place, à quelques minutes de marches en passant par Union Square (je commence à mieux me repérer dans la ville) et je n'ai pas été déçu.

31 août @ The Stone at the New School, West Village Manhattan
Live Low to the Earth in the Iron Age [Mir Naqibul Islam (tabla), Shahzad Ismaily (guitare électrique), Eyvind Kang (viole d’amour)]

Euh wow. C'est le projet de Eyvind Kang, un altiste collaborateur régulier de John Zorn, Bill Frisell, mais aussi quelqu'un qui a joué avec Sunn O))), Mr. Bungle, fait les arrangements pour Blonde Redhead, etc. Trois musiciens sur scène assis par terre, Eyvind Kang arrive en disant genre ne faites pas attention à nous, on va s'accorder pendant un moment. Et en effet, sa viole d'amour a je ne sais pas combien de cordes, il met un shruti box virtuel sur son cell et tous les trois s'accordent lentement, à l'oreille. Tellement charismatiques, Shahzad Ismaily en particulier joue sur une belle jazzmaster blanche bien usée et a tout l'air d'un gourou bienheureux, avec son crâne particulier et son air relax et souriant.

Ils ont joué quatre pièces, mais la deuxième a fait pas mal tout le concert, elle a dû durer près d'une heure. Ça a commencé par une intro à la guitare seule, qui semblait sortir directement d'un vieil album de Mogwai ou Slint. Très lent, très simple. Puis la viole d'amour est entrée et j'ai rarement vu autant de virtuosité dans la retenue. Le gars a du contrôle d'archet pour tout le monde dans la salle réuni. Aucun vibrato, son jeu est souple, que de longues notes tenues, et il joue tellement juste c'est incroyable. Il n'a rien à prouver à personne. Puis à mesure que les tablas embarquent on est quelque part en Inde dans une tradition musicale qui m'échappe. Ça m'a vraiment rappelé les disques de Yehudi Menuhin avec Ravi Shankar. Et référer à ça finit de montrer mon manque de culture à ce niveau. Quel concert!

Vendredi 1er septembre

Aujourd'hui, je magasine un speaker bluetooth. Je niaise en masse dans l'appart, je fais un lavage, la vaisselle, laver la poubelle. Ce soir je suis sur la guest list pour un concert. Oh que oui! J'adore être sur la guest list. D'ici là, je vais aller lire un peu, me faire une batch de rotini pour souper. La température commence à baisser, je traîne mon coton ouaté ce soir.

1er septembre @ Public Records Sound Room, Gowanus Brooklyn
Darlin’ [Wendy Eisenberg (guitare électrique), Lester St. Louis (violoncelle), Ryan Sawyer (batterie)]
Amirtha Kidambi’s Elder Ones [Alfredo Colón (sax ténor, électroniques), Amirtha Kidambi (voix), , Jason Nazary (batterie), Matt Nelson (sax soprano), Lester St. Louis (contrebasse, violoncelle)]

Le centre communautaire où je vais nager et où je fais mon yoga vient de sortir l'horaire d'automne. Ils offrent, inclus dans le membership que j'ai déjà payé, des cours de natation et du tai chi! Eh bien, ça serait l'occasion d'essayer ça, j'y pense.