mercredi 29 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 111-112-113-114-115-116-117-118 -119-120 sur 151

Lundi 20 novembre

Aujourd'hui, visite dans un somptueux corridor-salon de la International House. Une pianiste rencontré lors du concert organisé chez-moi m'y invite à jouer ensemble. Piano à queue, boiseries, plancher de marbre, des gens passent sans se soucier de nous. Je dois interrompre notre rencontre pour un zoom prévu avec Québec, au sujet d'un concert en mai 2024, dont l'organisation reviendra dans les prochains jours. Le pianiste est originaire de Taïwan et a été sélectionné exactement comme moi pour passer 6 mois à New York City, retour à la maison le 31 décembre. Il me donne un CD d'un de ses projets, toute la pochette est en caractères chinois. J'enregistre notre session sur mon téléphone cheap, j'ai hâte de prendre le temps de réécouter tout ça.

Demain, départ pour Montréal. Je prends la soirée pour faire mes bagages malgré les concerts intéressants au menu.

Mardi 21 novembre

Je fais du ménage et mes bagages tout l'avant-midi. Puis l'heure de mon aller-retour jetset à Montréal a sonné et tout se passe tellement bien. Départ de l'appartement à 12 h, arrivée à l'aéroport à 13 h 15. Je suis content d'avoir prévu un peu de lousse, car une ambulance doit passer au travers plein de voitures en arrivant et ça bloque pendant de longues minutes. Je me promets d'arriver avec une avance plus large la prochaine fois, soit le 31 décembre. Ah! Vision du futur. Neige, violoncelle sur le dos et ma valise de 600 lbs en prime, n'y pensons pas tout de suite. Pour l'instant, avec mon petit bagage je passe toute la sécurité en moins de 10 minutes, aucune file. Départ de mon vol à l'heure, j'arrive et je vais directement à la Casa del Popolo, où se cuisine la meilleure nourriture en ville avant de voir des ami·es en concert!

21 novembre @ Casa del Popolo, Montréal
trio [Justine Durand (vidéo), Eva Dannika Gekas (trompette), Alex Pelchat (guitare électrique)]
duo [Robbie Kuster (batterie), René Lussier (guitare électrique, voix)]
Postpony [Hugo Blouin (contrebasse), Karen Ng (sax), Eric Normand (basse électrique), Robin Servant (accordéon)]

Des gens que j'aime beaucoup sur cette scène et dans cette salle. Je suis content de les voir, les entendre, les feeler!

Mercredi 22 novembre

Pas mal toute la journée dans un café à rédiger pour ce concert à donner en mai 2024, qui doit d'abord être accepté par un comité de sélection à Québec. Date limite pour le dépôt le 26 novembre, mais ça doit passer entre les mains, sous les yeux, de quelqu'un qui travaille du lundi au vendredi alors... En tout cas c'est maintenant que ça se passe. Puis un concert en soirée.

22 novembre @ Centre canadien d'architecture, Montréal
With Without, de Pierre-Yves Martel par Carl Hübsch (tuba, objets), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)
Blend V, de Philip Zoubek par Carl Hübsch (tuba, objets), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)
Depth Sounder, de Carl Hübsch par Carl Hübsch (tuba, objets, électroniques), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)

Je me permets un rare concert à être un peu moins attentif qu'à mon habitude. En temps normal, la musique commence et je m'y dédie entièrement. Cette fois, je laisse mon attention partir et revenir, la musique s'y prête si bien. Quels musiciens exceptionnels! Et quelle belle salle, un petit trésor caché à Montréal. 

Jeudi 23 novembre

Je termine le dépôt du dossier pour le concert de mai 2024. Une bonne chose de faite. Une autre bouteille à la mer.  Je ne sais pas trop quand je saurai si j'ai travaillé dans le vide. Puis je fais un premier jet pour l'horaire exact de la tournée en duo que je prévois pour novembre 2024. Ça, c'est le gros projet stressant sur lequel je dois mettre mes énergies. Une autre petite étape de franchie. Je perds la notion du temps et je suis presque en retard au souper de fête.

23 octobre @ Espace Orange de l'édifice Wilder, Montréal
Versa est in luctum cithara mea… de Vergil Sharkya' par des membres de l'Ensemble SuperMusique [Jean Derome (saxophone alto, flûtes), Audréanne Filion (violoncelle), Diane Labrosse (échantillonneur), Cléo Palacio-Quintin (flûtes), Vergil Sharkya' (skaytarbass, direction), Pierre Tanguay (batterie)] et les invitées Julie Delisle (synthétiseur, électroniques, flûtes) et Alexandra Tibbitts (harpe, électroniques)
monnomest, de Joane Hétu, dédiée à Rémy Bélanger de Beauport, par l'Ensemble SuperMusique [Jean Derome (saxophone alto, voix), Guido Del Fabbro (violon), Audréanne Filion (violoncelle), Lori Freedman (clarinette basse. voix), Joane Hétu (cheffe), Julie Houle (tuba, voix), Diane Labrosse (échantillonneur, voix), Cléo Palacio-Quintin (flûtes, voix), Danielle Palardy Roger (percussions, voix), Jean René (alto), Vergil Sharkya' (synthétiseurs, voix), Pierre Tanguay (batterie), Scott Thomson (trombone, voix)]

Ouf, je me donne quelques temps pour recevoir cette dédicace. La réception informelle qui suit est un moment marquant. Des rencontres entre les sphères autrement indépendantes de ma vie. Je sens le souvenir se construire. « Te rappelles-tu, tsé au concert de l'Ensemble SuperMusique le 23 novembre 2023? »

Vendredi 24 novembre

Jour de retour à New York. Je me rends compte que c'est chez-moi ici, même si ce n'est que momentanément. L'impression très claire de revenir chez-moi.

Départ en bus à 9 h 30. Arrivée à l'aéroport à 10 h 30. Ça se passe tellement bien qu'à 11 h je suis déjà rendu à ma porte d'embarquement. Le vol part à l'heure à 13 h 15. Ma routine de vol : changer la clé sur mon porte-clé, remplacer l'argent canadien par l'argent américain, changer la carte SIM dans mon téléphone. Arrivé à New York à l'heure, l'autobus gratuit est là, le métro est là et à 16 h je suis chez-moi. Je voulais faire mille choses, mais je n'en fais aucune. Repos.

Samedi 25 novembre

Un avant-midi de planification. Proust dit « une » avant-midi et à chaque fois ça me surprend. Les concerts à venir. Les amis qui viennent me visiter. Des emails de travail. Je fais de l'horaire. Je fais l'épicerie. La journée tire déjà à sa fin. Cette impression familière de n'avoir rien fait alors que je n'arrête pas. Je me fais une bonne pratique de violoncelle en réchauffement pour demain, j'ai une session de prévue avec une violoniste. Puis je mixe ma session de lundi passé avec le pianiste. De très bonnes affaires, musicalement!

C'est un peu ridicule d'utiliser mon téléphone pour la prise de son, puis devoir passer des heures sur un logiciel à essayer de fabriquer un son acceptable avec l'enregistrement. Mais c'est comme ça, j'ai l'impression que la présence d'un vrai appareil d'enregistrement viendrait colorer la rencontre d'une façon dommageable pour l'authenticité ou je ne sais pas trop. J'attends le bon moment pour vraiment tout réécouter cette session avec le pianiste, y mettre le niveau d'attention dont je suis capable et grâce auquel je peux peut-être apprendre quelque chose.

Puis la vie me fait une jambette! Le genre de niaiserie qui me coûtera plusieurs heures : je n'ai plus d'espace dans mon google drive. Une autre affaire! J'en ai besoin pour partager la session avec le pianiste. Je révise tous les fichiers du google drive, aussi occupé par tous les emails. Retour dans le temps à 2008, 2011, 2017. Effacer des affaires, effacer, effacer. Je mets quelques documents de côté pour les archives.

Je retrouve un fichier très important pour moi et que je croyais perdu à jamais : mon entrevue à Radio X en 2017, alors que mes fesses avaient eu leur minute de gloire dans l'édition web du Journal de Montréal et que je me préparais pour ma première résidence de création, qui avait la particularité de se passer sur un camping naturiste en Ontario. Mon entrevue à Radio X est un moment d'anthologie. J'ai grandi dans les « concours de boules » de Jeff Filion, où il faisait gagner des augmentations mammaires à son émission du matin, j'ai grandi avec la voix de mononcle frustré d'André Arthur, je me réécoute parler avec l'animateur du moment et je suis fier de parler de ma musique en utilisant le ton et le langage de ceux qui devraient logiquement être mes intimidateurs. D'ailleurs, c'est une entrevue au téléphone et aussitôt que je raccroche, le co-animateur se se met à rire de moi et de ma démarche. Ils mettent des extraits trouvés sur youtube et ridiculisent ce qu'ils entendent. Mais j'ai réussi à convaincre l'animateur on dirait, qui se porte quasiment à ma défense. Déjà à ce moment, je n'avais pas besoin de l'approbation de Radio X. Il faudrait bien que je fasse quelque chose avec cet enregistrement. Je me donne du travail, je sais.

Puis, je me rends aussi compte qu'un fichier très lourd que j'avais eu toutes les misères du monde à obtenir, et perdu tout espoir de récupérer en juillet passé, à la veille de partir pour New York, est là, disponible et prêt à être téléchargé comme par miracle. Il s'agit de la captation vidéo d'une prestation en trio où il y avait eu pas mal de déplacements. Le fichier de la caméra fixe pèse plus de 20 Gigs. J'ai une dizaine de fichiers séparés pris avec une caméra à l'épaule, et le fichier de la captation sonore. Une grosse job de montage à remettre sur la liste de choses à faire.

Re-jambette, c'est maintenant mon ordinateur qui est plein. Merde, je suis là dessus jusqu'à 1 h du matin. Tellement platte comme préoccupation.

Dimanche 26 novembre

Je continue l'épreuve de l'archivage et du ménage d'ordi. Puis sitôt revenu de Montréal, sitôt une session, cette fois avec une violoniste rencontré à un concert à P.I.T. la semaine passée. Une belle rencontre, musicale et humaine. On parle de New York, du mystère de l'argent ici, de comment les gens font pour survivre. J'ai deux concerts à aller voir simultanément ce soir, mais le cœur n'y est pas. Je vais nager à Stuyvesant High School à la place. Je sens la fin du séjour arriver. Combien me reste-t-il de visites à cette piscine?

Lundi 27 novembre

Lundi yoga? Je commence par travailler en masse sur mon projet de tournée en novembre 2024. Des bonnes nouvelles, des moins bonnes nouvelles, mais surtout un budget à présenter et plein de textes à écrire. Ça me stresse! Je finis de ramasser et classer les quelques factures de mon voyage à Montréal. Je finis de faire à souper et il est déjà trop tard pour aller au yoga. J'imprime les questions du formulaire pour ma demande de subvention, projet novembre 2024, et je travaille enfin là dessus dans le métro en direction d'un concert.

27 novembre @ Sisters, Clinton Hill Brooklyn
Cecilia Lopez (électroniques, sculpture de fils, synthétiseur)
duo [Chris Corsano (batterie), Nate Wooley (trompette)]
trio [Chris Corsano (batterie), Cecilia Lopez (électroniques, synthétiseur), Nate Wooley (trompette)]

Je ne regrette pas d'assister à ce concert! Wow. Cecilia Lopez a installé une espèce de sculpture, comme un gros filet de pêche fait avec du fil audio, il y a des petits speakers là dedans, c'est accroché à un fil tendu comme une corde à linge. Je ne sais pas ce qui se passe, mais on voit le tas de fils se balancer et on entend le résultat manipulé en direct par le synthétiseur. Puis, on est abasourdi par le duo qui suit. Je suis avec Nico et Conner. Adossés au bar, on se regarde en voulant dire, iiihh ooohhh woahhh. Évidemment que le trio final est complètement différent, mais tout aussi bon. Je commence à manquer de mots pour les éloges. Je retiens de ce concert l'énorme virtuosité de Chris Corsano aux drums et objets, que je voyais pour la première fois, le talent inouï de Cecilia Lopez que je commence à connaître après deux fois, et la versatilité sensible et étonnante du trompettiste Nate Wooley. 

Mardi 28 novembre

Je commence la journée le nez dans le nouveau Fonds du Canada pour des collaborations avec la Corée. Est-ce que je manque de travail? Une de mes anciennes coloc, pour un ou deux mois à Berlin en 2008, est originaire de la Corée. On se donne des nouvelles de temps en temps, et on a toujours parlé de peut-être faire un projet ensemble un moment donné. Elle a vraiment une super énergie, qui match bien avec la mienne. Elle a eu un enfant récemment il me semble, et aux dernières nouvelles elle partage sa vie entre Séoul et Berlin. Est-ce qu'un projet ensemble serait éligible? Est-ce que ça lui tente? Il faut être à l'affut! Même dans le rush d'autre chose.

Je n'ai pas obtenu la résidence de création en janvier 2024 pour laquelle j'avais pris une journée pour appliquer l'autre fois. Je fus à l'affût. Ce fut un non. Encaisser le rejet. Recevoir ce email d'une seule ligne. Au moins je n'avais pas mis toute mon âme là dedans. Ni même une partie de mon âme. Il fut un temps où mes projets fonctionnaient comme les horcrux de Voldemort : chacun un écrin précieux où je plaçais une partie de mon âme, et quand on me le détruisait, c'était une partie de moi qui partait avec et j'en avais pour des semaines, des mois à m'en remettre. Il ne faudrait pas faire ça. Et y'a rien qui gosse plus, quand on a été élevé à Radio X, qu'un artiste qui braille de ne pas avoir eu sa subvention. En tout cas pour cette fois, je n'avais pas trop mis mon âme dedans, ça va. Est-ce qu'en mettant plus d'âme j'aurais eu plus de chances d'obtenir la résidence? Honnêtement, non. J'apprends à travailler plus vite et réserver mes vrais superpouvoirs pour les 2-3 projets en haut de la liste. Sinon je burn.

Je trouve que je ne nage pas assez, je réserve ma place au YMCA pour cet après-midi, j'arrive avec quelques minutes de retard et il ne me reste plus que 20 min. Un sandwich dans la petite cafétéria du Whole Foods en partant, la première place où je me suis arrêté pour reprendre mes esprits lors de ma première journée à New York. Des souvenirs se construisent ici aussi. Lentement ça se grave en mémoire. Des lieux anodins se chargent de vécu.

28 novembre @ Union Pool, Williamsburg Brooklyn
Selendis Sebastian Alexander Johnson (trombone, objets)
Warp Duo [Scott Li (électroniques, violon électrique), Levi Lu (voix, électroniques, violon amplifié)]
quartet [Laura Cocks (flûte traversière, piccolo), Chris Corsano (batterie), Wendy Eisenberg (guitare électrique), Madison Greenstone (clarinette, clarinette basse)]

Un concert après la sandwich. Selendis joue vraiment bien. Beaucoup de silences. Elle a vraiment une présence particulière, elle s'impose sur l'espace. Son jeu est assez décousu, ça s'arrête, ça reprend, je suis impressionné, je constate que la pièce se tient malgré tout. Il y a vraiment une multiplicité de structures possibles en musique. Un moment donné elle a un problème avec sa coulisse de trombone, elle essaie de dévisser quelque chose, le tout en silence, elle dit même : « I'm making progress » après avoir demandé si quelqu'un a des pinces. On est avec elle, sa pièce ne tient à rien, chaque arrêt pourrait être la fin, on attend un signe.

Puis, je ne me tanne pas de dire que je viens de voir peut-être une des meilleures prestations que j'ai vues depuis longtemps. Le Warp Duo, ayoye. C'est avec Levi Lu, que j'avais vu·e en solo il y a quelques semaines. Est-ce que j'en avais parlé ici? Oui, avec erreur dans son nom, et sans mentionner que cette fois là j'avais su plus tard qu'iel jouait avec un capteur de mouvement (fréquences?) dans l'anus. Surprise! Ça ne se voyait pas. Pas de capteur surprise pour aujourd'hui en tout cas. Iel commence en chantant ou en sifflant, c'est très très beau et aérien avec l'accompagnement des petits synthétiseurs de Scott Li, dont la face qui se tord, la bouche qui s'ouvre, ajoute à l'expression musicale. Plus ça avance, plus on se laisse aller avec elleux! Levi Lu sort un violon! Iel joue vraiment bien, c'est ça la surprise ce soir. Et voilà que Scott Li sort aussi un violon! Impossible, iel est véritablement virtuose. On est transporté, iels jouent pendant près d'une heure sans interruption. Il ne me reste plus rien à donner au quatuor à la fin du concert, qui aurait bénéficié d'un peu de basse et de moins de volume selon moi. Je subis plus que je ne profite de leur musique, mais je suis bien assis sur le seul banc de la place tout au fond. C'était ma première fois à Union Pool, une très belle salle dans le style modeste, délabrée-mais-pas-trop. 

Mercredi 29 novembre

J'écris ceci à toute vitesse. J'écris ceci calmement. Je me suis levé tard, après avoir passé trop de temps terrassé au lit par les reportages de Gaza et le stress de compléter ma demande de subvention pour la tournée de novembre 2024. Encore ce projet, dont les vagues de stress me poursuivent depuis des mois. J'étais debout vers les 11 h, vaisselle, toasts dorées, douche et il est déjà 14 h. Je vais au Joe Coffee, celui que j'aime bien sur la rue Waverly pas très loin de Washington Square Park où je croise une dizaine de manifestant·es pro-israéliens caché·es derrière une ligne d'une cinquantaine, d'une centaine de manifestant·es pro-palestiniens qui chantent, scandent des slogans. Quel culot de sortir au parc avec un énorme drapeau d'Israël. Plusieurs collègues musicien·nes ont partagé une « mobilisation, pas une célébration » tantôt au Rockefeller Center, pour profiter de la fameuse illumination du fameux sapin. Ma priorité est à mon travail en ce moment — quel privilège, quand on y pense, de manquer de sommeil par anxiété de bien préparer une tournée dans un an, plutôt que parce qu'on a perdu ses proches dans un bombardement et qu'on n'a nulle part où aller — et, au risque de décevoir toutes les personnes de ma vie qui souhaiteraient me voir à l'illumination-du-sapin-manifestation, je vais passer pour ce soir. Pas de sortie, pas de concert; je vais cuisiner, car j'ai acheté des champignons et ils vont passer date si je ne les utilise pas, et je vais soit travailler, soit chiller pour être capable de travailler demain. Je suis au Joe Coffee, c'est plein à raz-bord mais ça travaille bien ici. Juste comme je m'assois, ils font jouer du Sonic Youth. La musique n'est pas forte, il faut savoir. Mais je sais, et je suis ému car New York est la ville de Sonic Youth, ce band qui me suit depuis mon adolescence, et c'est la première fois que j'en entends ici. Il est 15 h.

Puis il est 17 h. Il fait noir et la porte du café qui m'ouvre dans le dos laisse de plus en plus d'air froid m'agacer. Faut que je rentre. Une chose de faite.

Les comptes-à-rebours se superposent. 4 jours avant mon concert avec le Creative Music Studio's Improvisers' Orchestra, 7 jours avant de déposer pour ma tournée (ahhhhhh), 17 jours avant de déposer pour une résidence à Berlin de calibre « si j'essaye pas je l'aurai jamais, mais je pense pas vraiment l'avoir » — on sait que c'est avec cet état d'esprit que j'ai appliqué pour New York — et 32 jours avant mon retour à Québec.