mercredi 29 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 111-112-113-114-115-116-117-118 -119-120 sur 151

Lundi 20 novembre

Aujourd'hui, visite dans un somptueux corridor-salon de la International House. Une pianiste rencontré lors du concert organisé chez-moi m'y invite à jouer ensemble. Piano à queue, boiseries, plancher de marbre, des gens passent sans se soucier de nous. Je dois interrompre notre rencontre pour un zoom prévu avec Québec, au sujet d'un concert en mai 2024, dont l'organisation reviendra dans les prochains jours. Le pianiste est originaire de Taïwan et a été sélectionné exactement comme moi pour passer 6 mois à New York City, retour à la maison le 31 décembre. Il me donne un CD d'un de ses projets, toute la pochette est en caractères chinois. J'enregistre notre session sur mon téléphone cheap, j'ai hâte de prendre le temps de réécouter tout ça.

Demain, départ pour Montréal. Je prends la soirée pour faire mes bagages malgré les concerts intéressants au menu.

Mardi 21 novembre

Je fais du ménage et mes bagages tout l'avant-midi. Puis l'heure de mon aller-retour jetset à Montréal a sonné et tout se passe tellement bien. Départ de l'appartement à 12 h, arrivée à l'aéroport à 13 h 15. Je suis content d'avoir prévu un peu de lousse, car une ambulance doit passer au travers plein de voitures en arrivant et ça bloque pendant de longues minutes. Je me promets d'arriver avec une avance plus large la prochaine fois, soit le 31 décembre. Ah! Vision du futur. Neige, violoncelle sur le dos et ma valise de 600 lbs en prime, n'y pensons pas tout de suite. Pour l'instant, avec mon petit bagage je passe toute la sécurité en moins de 10 minutes, aucune file. Départ de mon vol à l'heure, j'arrive et je vais directement à la Casa del Popolo, où se cuisine la meilleure nourriture en ville avant de voir des ami·es en concert!

21 novembre @ Casa del Popolo, Montréal
trio [Justine Durand (vidéo), Eva Dannika Gekas (trompette), Alex Pelchat (guitare électrique)]
duo [Robbie Kuster (batterie), René Lussier (guitare électrique, voix)]
Postpony [Hugo Blouin (contrebasse), Karen Ng (sax), Eric Normand (basse électrique), Robin Servant (accordéon)]

Des gens que j'aime beaucoup sur cette scène et dans cette salle. Je suis content de les voir, les entendre, les feeler!

Mercredi 22 novembre

Pas mal toute la journée dans un café à rédiger pour ce concert à donner en mai 2024, qui doit d'abord être accepté par un comité de sélection à Québec. Date limite pour le dépôt le 26 novembre, mais ça doit passer entre les mains, sous les yeux, de quelqu'un qui travaille du lundi au vendredi alors... En tout cas c'est maintenant que ça se passe. Puis un concert en soirée.

22 novembre @ Centre canadien d'architecture, Montréal
With Without, de Pierre-Yves Martel par Carl Hübsch (tuba, objets), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)
Blend V, de Philip Zoubek par Carl Hübsch (tuba, objets), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)
Depth Sounder, de Carl Hübsch par Carl Hübsch (tuba, objets, électroniques), Pierre-Yves Martel (échantillonneur, synthétiseur modulaire), Philip Zoubek (piano, synthétiseur)

Je me permets un rare concert à être un peu moins attentif qu'à mon habitude. En temps normal, la musique commence et je m'y dédie entièrement. Cette fois, je laisse mon attention partir et revenir, la musique s'y prête si bien. Quels musiciens exceptionnels! Et quelle belle salle, un petit trésor caché à Montréal. 

Jeudi 23 novembre

Je termine le dépôt du dossier pour le concert de mai 2024. Une bonne chose de faite. Une autre bouteille à la mer.  Je ne sais pas trop quand je saurai si j'ai travaillé dans le vide. Puis je fais un premier jet pour l'horaire exact de la tournée en duo que je prévois pour novembre 2024. Ça, c'est le gros projet stressant sur lequel je dois mettre mes énergies. Une autre petite étape de franchie. Je perds la notion du temps et je suis presque en retard au souper de fête.

23 octobre @ Espace Orange de l'édifice Wilder, Montréal
Versa est in luctum cithara mea… de Vergil Sharkya' par des membres de l'Ensemble SuperMusique [Jean Derome (saxophone alto, flûtes), Audréanne Filion (violoncelle), Diane Labrosse (échantillonneur), Cléo Palacio-Quintin (flûtes), Vergil Sharkya' (skaytarbass, direction), Pierre Tanguay (batterie)] et les invitées Julie Delisle (synthétiseur, électroniques, flûtes) et Alexandra Tibbitts (harpe, électroniques)
monnomest, de Joane Hétu, dédiée à Rémy Bélanger de Beauport, par l'Ensemble SuperMusique [Jean Derome (saxophone alto, voix), Guido Del Fabbro (violon), Audréanne Filion (violoncelle), Lori Freedman (clarinette basse. voix), Joane Hétu (cheffe), Julie Houle (tuba, voix), Diane Labrosse (échantillonneur, voix), Cléo Palacio-Quintin (flûtes, voix), Danielle Palardy Roger (percussions, voix), Jean René (alto), Vergil Sharkya' (synthétiseurs, voix), Pierre Tanguay (batterie), Scott Thomson (trombone, voix)]

Ouf, je me donne quelques temps pour recevoir cette dédicace. La réception informelle qui suit est un moment marquant. Des rencontres entre les sphères autrement indépendantes de ma vie. Je sens le souvenir se construire. « Te rappelles-tu, tsé au concert de l'Ensemble SuperMusique le 23 novembre 2023? »

Vendredi 24 novembre

Jour de retour à New York. Je me rends compte que c'est chez-moi ici, même si ce n'est que momentanément. L'impression très claire de revenir chez-moi.

Départ en bus à 9 h 30. Arrivée à l'aéroport à 10 h 30. Ça se passe tellement bien qu'à 11 h je suis déjà rendu à ma porte d'embarquement. Le vol part à l'heure à 13 h 15. Ma routine de vol : changer la clé sur mon porte-clé, remplacer l'argent canadien par l'argent américain, changer la carte SIM dans mon téléphone. Arrivé à New York à l'heure, l'autobus gratuit est là, le métro est là et à 16 h je suis chez-moi. Je voulais faire mille choses, mais je n'en fais aucune. Repos.

Samedi 25 novembre

Un avant-midi de planification. Proust dit « une » avant-midi et à chaque fois ça me surprend. Les concerts à venir. Les amis qui viennent me visiter. Des emails de travail. Je fais de l'horaire. Je fais l'épicerie. La journée tire déjà à sa fin. Cette impression familière de n'avoir rien fait alors que je n'arrête pas. Je me fais une bonne pratique de violoncelle en réchauffement pour demain, j'ai une session de prévue avec une violoniste. Puis je mixe ma session de lundi passé avec le pianiste. De très bonnes affaires, musicalement!

C'est un peu ridicule d'utiliser mon téléphone pour la prise de son, puis devoir passer des heures sur un logiciel à essayer de fabriquer un son acceptable avec l'enregistrement. Mais c'est comme ça, j'ai l'impression que la présence d'un vrai appareil d'enregistrement viendrait colorer la rencontre d'une façon dommageable pour l'authenticité ou je ne sais pas trop. J'attends le bon moment pour vraiment tout réécouter cette session avec le pianiste, y mettre le niveau d'attention dont je suis capable et grâce auquel je peux peut-être apprendre quelque chose.

Puis la vie me fait une jambette! Le genre de niaiserie qui me coûtera plusieurs heures : je n'ai plus d'espace dans mon google drive. Une autre affaire! J'en ai besoin pour partager la session avec le pianiste. Je révise tous les fichiers du google drive, aussi occupé par tous les emails. Retour dans le temps à 2008, 2011, 2017. Effacer des affaires, effacer, effacer. Je mets quelques documents de côté pour les archives.

Je retrouve un fichier très important pour moi et que je croyais perdu à jamais : mon entrevue à Radio X en 2017, alors que mes fesses avaient eu leur minute de gloire dans l'édition web du Journal de Montréal et que je me préparais pour ma première résidence de création, qui avait la particularité de se passer sur un camping naturiste en Ontario. Mon entrevue à Radio X est un moment d'anthologie. J'ai grandi dans les « concours de boules » de Jeff Filion, où il faisait gagner des augmentations mammaires à son émission du matin, j'ai grandi avec la voix de mononcle frustré d'André Arthur, je me réécoute parler avec l'animateur du moment et je suis fier de parler de ma musique en utilisant le ton et le langage de ceux qui devraient logiquement être mes intimidateurs. D'ailleurs, c'est une entrevue au téléphone et aussitôt que je raccroche, le co-animateur se se met à rire de moi et de ma démarche. Ils mettent des extraits trouvés sur youtube et ridiculisent ce qu'ils entendent. Mais j'ai réussi à convaincre l'animateur on dirait, qui se porte quasiment à ma défense. Déjà à ce moment, je n'avais pas besoin de l'approbation de Radio X. Il faudrait bien que je fasse quelque chose avec cet enregistrement. Je me donne du travail, je sais.

Puis, je me rends aussi compte qu'un fichier très lourd que j'avais eu toutes les misères du monde à obtenir, et perdu tout espoir de récupérer en juillet passé, à la veille de partir pour New York, est là, disponible et prêt à être téléchargé comme par miracle. Il s'agit de la captation vidéo d'une prestation en trio où il y avait eu pas mal de déplacements. Le fichier de la caméra fixe pèse plus de 20 Gigs. J'ai une dizaine de fichiers séparés pris avec une caméra à l'épaule, et le fichier de la captation sonore. Une grosse job de montage à remettre sur la liste de choses à faire.

Re-jambette, c'est maintenant mon ordinateur qui est plein. Merde, je suis là dessus jusqu'à 1 h du matin. Tellement platte comme préoccupation.

Dimanche 26 novembre

Je continue l'épreuve de l'archivage et du ménage d'ordi. Puis sitôt revenu de Montréal, sitôt une session, cette fois avec une violoniste rencontré à un concert à P.I.T. la semaine passée. Une belle rencontre, musicale et humaine. On parle de New York, du mystère de l'argent ici, de comment les gens font pour survivre. J'ai deux concerts à aller voir simultanément ce soir, mais le cœur n'y est pas. Je vais nager à Stuyvesant High School à la place. Je sens la fin du séjour arriver. Combien me reste-t-il de visites à cette piscine?

Lundi 27 novembre

Lundi yoga? Je commence par travailler en masse sur mon projet de tournée en novembre 2024. Des bonnes nouvelles, des moins bonnes nouvelles, mais surtout un budget à présenter et plein de textes à écrire. Ça me stresse! Je finis de ramasser et classer les quelques factures de mon voyage à Montréal. Je finis de faire à souper et il est déjà trop tard pour aller au yoga. J'imprime les questions du formulaire pour ma demande de subvention, projet novembre 2024, et je travaille enfin là dessus dans le métro en direction d'un concert.

27 novembre @ Sisters, Clinton Hill Brooklyn
Cecilia Lopez (électroniques, sculpture de fils, synthétiseur)
duo [Chris Corsano (batterie), Nate Wooley (trompette)]
trio [Chris Corsano (batterie), Cecilia Lopez (électroniques, synthétiseur), Nate Wooley (trompette)]

Je ne regrette pas d'assister à ce concert! Wow. Cecilia Lopez a installé une espèce de sculpture, comme un gros filet de pêche fait avec du fil audio, il y a des petits speakers là dedans, c'est accroché à un fil tendu comme une corde à linge. Je ne sais pas ce qui se passe, mais on voit le tas de fils se balancer et on entend le résultat manipulé en direct par le synthétiseur. Puis, on est abasourdi par le duo qui suit. Je suis avec Nico et Conner. Adossés au bar, on se regarde en voulant dire, iiihh ooohhh woahhh. Évidemment que le trio final est complètement différent, mais tout aussi bon. Je commence à manquer de mots pour les éloges. Je retiens de ce concert l'énorme virtuosité de Chris Corsano aux drums et objets, que je voyais pour la première fois, le talent inouï de Cecilia Lopez que je commence à connaître après deux fois, et la versatilité sensible et étonnante du trompettiste Nate Wooley. 

Mardi 28 novembre

Je commence la journée le nez dans le nouveau Fonds du Canada pour des collaborations avec la Corée. Est-ce que je manque de travail? Une de mes anciennes coloc, pour un ou deux mois à Berlin en 2008, est originaire de la Corée. On se donne des nouvelles de temps en temps, et on a toujours parlé de peut-être faire un projet ensemble un moment donné. Elle a vraiment une super énergie, qui match bien avec la mienne. Elle a eu un enfant récemment il me semble, et aux dernières nouvelles elle partage sa vie entre Séoul et Berlin. Est-ce qu'un projet ensemble serait éligible? Est-ce que ça lui tente? Il faut être à l'affut! Même dans le rush d'autre chose.

Je n'ai pas obtenu la résidence de création en janvier 2024 pour laquelle j'avais pris une journée pour appliquer l'autre fois. Je fus à l'affût. Ce fut un non. Encaisser le rejet. Recevoir ce email d'une seule ligne. Au moins je n'avais pas mis toute mon âme là dedans. Ni même une partie de mon âme. Il fut un temps où mes projets fonctionnaient comme les horcrux de Voldemort : chacun un écrin précieux où je plaçais une partie de mon âme, et quand on me le détruisait, c'était une partie de moi qui partait avec et j'en avais pour des semaines, des mois à m'en remettre. Il ne faudrait pas faire ça. Et y'a rien qui gosse plus, quand on a été élevé à Radio X, qu'un artiste qui braille de ne pas avoir eu sa subvention. En tout cas pour cette fois, je n'avais pas trop mis mon âme dedans, ça va. Est-ce qu'en mettant plus d'âme j'aurais eu plus de chances d'obtenir la résidence? Honnêtement, non. J'apprends à travailler plus vite et réserver mes vrais superpouvoirs pour les 2-3 projets en haut de la liste. Sinon je burn.

Je trouve que je ne nage pas assez, je réserve ma place au YMCA pour cet après-midi, j'arrive avec quelques minutes de retard et il ne me reste plus que 20 min. Un sandwich dans la petite cafétéria du Whole Foods en partant, la première place où je me suis arrêté pour reprendre mes esprits lors de ma première journée à New York. Des souvenirs se construisent ici aussi. Lentement ça se grave en mémoire. Des lieux anodins se chargent de vécu.

28 novembre @ Union Pool, Williamsburg Brooklyn
Selendis Sebastian Alexander Johnson (trombone, objets)
Warp Duo [Scott Li (électroniques, violon électrique), Levi Lu (voix, électroniques, violon amplifié)]
quartet [Laura Cocks (flûte traversière, piccolo), Chris Corsano (batterie), Wendy Eisenberg (guitare électrique), Madison Greenstone (clarinette, clarinette basse)]

Un concert après la sandwich. Selendis joue vraiment bien. Beaucoup de silences. Elle a vraiment une présence particulière, elle s'impose sur l'espace. Son jeu est assez décousu, ça s'arrête, ça reprend, je suis impressionné, je constate que la pièce se tient malgré tout. Il y a vraiment une multiplicité de structures possibles en musique. Un moment donné elle a un problème avec sa coulisse de trombone, elle essaie de dévisser quelque chose, le tout en silence, elle dit même : « I'm making progress » après avoir demandé si quelqu'un a des pinces. On est avec elle, sa pièce ne tient à rien, chaque arrêt pourrait être la fin, on attend un signe.

Puis, je ne me tanne pas de dire que je viens de voir peut-être une des meilleures prestations que j'ai vues depuis longtemps. Le Warp Duo, ayoye. C'est avec Levi Lu, que j'avais vu·e en solo il y a quelques semaines. Est-ce que j'en avais parlé ici? Oui, avec erreur dans son nom, et sans mentionner que cette fois là j'avais su plus tard qu'iel jouait avec un capteur de mouvement (fréquences?) dans l'anus. Surprise! Ça ne se voyait pas. Pas de capteur surprise pour aujourd'hui en tout cas. Iel commence en chantant ou en sifflant, c'est très très beau et aérien avec l'accompagnement des petits synthétiseurs de Scott Li, dont la face qui se tord, la bouche qui s'ouvre, ajoute à l'expression musicale. Plus ça avance, plus on se laisse aller avec elleux! Levi Lu sort un violon! Iel joue vraiment bien, c'est ça la surprise ce soir. Et voilà que Scott Li sort aussi un violon! Impossible, iel est véritablement virtuose. On est transporté, iels jouent pendant près d'une heure sans interruption. Il ne me reste plus rien à donner au quatuor à la fin du concert, qui aurait bénéficié d'un peu de basse et de moins de volume selon moi. Je subis plus que je ne profite de leur musique, mais je suis bien assis sur le seul banc de la place tout au fond. C'était ma première fois à Union Pool, une très belle salle dans le style modeste, délabrée-mais-pas-trop. 

Mercredi 29 novembre

J'écris ceci à toute vitesse. J'écris ceci calmement. Je me suis levé tard, après avoir passé trop de temps terrassé au lit par les reportages de Gaza et le stress de compléter ma demande de subvention pour la tournée de novembre 2024. Encore ce projet, dont les vagues de stress me poursuivent depuis des mois. J'étais debout vers les 11 h, vaisselle, toasts dorées, douche et il est déjà 14 h. Je vais au Joe Coffee, celui que j'aime bien sur la rue Waverly pas très loin de Washington Square Park où je croise une dizaine de manifestant·es pro-israéliens caché·es derrière une ligne d'une cinquantaine, d'une centaine de manifestant·es pro-palestiniens qui chantent, scandent des slogans. Quel culot de sortir au parc avec un énorme drapeau d'Israël. Plusieurs collègues musicien·nes ont partagé une « mobilisation, pas une célébration » tantôt au Rockefeller Center, pour profiter de la fameuse illumination du fameux sapin. Ma priorité est à mon travail en ce moment — quel privilège, quand on y pense, de manquer de sommeil par anxiété de bien préparer une tournée dans un an, plutôt que parce qu'on a perdu ses proches dans un bombardement et qu'on n'a nulle part où aller — et, au risque de décevoir toutes les personnes de ma vie qui souhaiteraient me voir à l'illumination-du-sapin-manifestation, je vais passer pour ce soir. Pas de sortie, pas de concert; je vais cuisiner, car j'ai acheté des champignons et ils vont passer date si je ne les utilise pas, et je vais soit travailler, soit chiller pour être capable de travailler demain. Je suis au Joe Coffee, c'est plein à raz-bord mais ça travaille bien ici. Juste comme je m'assois, ils font jouer du Sonic Youth. La musique n'est pas forte, il faut savoir. Mais je sais, et je suis ému car New York est la ville de Sonic Youth, ce band qui me suit depuis mon adolescence, et c'est la première fois que j'en entends ici. Il est 15 h.

Puis il est 17 h. Il fait noir et la porte du café qui m'ouvre dans le dos laisse de plus en plus d'air froid m'agacer. Faut que je rentre. Une chose de faite.

Les comptes-à-rebours se superposent. 4 jours avant mon concert avec le Creative Music Studio's Improvisers' Orchestra, 7 jours avant de déposer pour ma tournée (ahhhhhh), 17 jours avant de déposer pour une résidence à Berlin de calibre « si j'essaye pas je l'aurai jamais, mais je pense pas vraiment l'avoir » — on sait que c'est avec cet état d'esprit que j'ai appliqué pour New York — et 32 jours avant mon retour à Québec.

samedi 18 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 105-106-107-108-109-110 sur 151

Mardi 14 novembre

Je me suis acheté une pédale d'effet pour le violoncelle, la Particule 2 de Red Panda. Ça fait très longtemps que je pense à cet achat, ça se compte en terme d'années. Des années avant d'oser dépenser 350$ sur mon occupation principale. C'est comme ça. Dire que je me suis demandé sérieusement si je n'allais pas m'acheter les très belles mitaines Louis Vuitton en vente à la boutique au rez-de-chaussée. Une certaine mathématique absurde m'a fait passer à l'action sur la pédale : en voulant prendre des nouvelles des mitaines, je me suis rendu compte qu'elles n'étaient plus disponibles sur le site, qu'elles avaient donc été vendues et que je devrais arrêter de me demander si je n'allais pas faire la dépense. Autrement dit, je venais de faire une économie de 400$ en ne les achetant pas. Donc j'avais le budget pour la pédale.

J'ai reçu la pédale hier, et aujourd'hui j'ai fait une petite tournée du quartier pour trouver un power supply et des fils. Puis j'ai fait mes premiers essais. La Particule 2 opère en synthèse granulaire, un procédé vraiment pas évident à comprendre et appliquer. Je le savais, maintenant au travail. Comme n'importe quel outil, il faut mettre les heures de pratique.

Puis tiens, j'ai reproduit mon programme de mardi passé d'aller nager à la plage horaire de 17 h 15 à 18 h au YMCA avant d'enchaîner avec un concert triple à la Downtown Music Gallery. Non sans tergiverser toute la journée, car il y avait aussi une de mes anciennes collègues de classe du temps où on était à l'université qui donnait une conférence à Columbia Unversity, où elle est maintenant chargée de cours, sur la compositrice Kaija Saariaho. J'aurais vraiment aimé revoir ma collègue, le sujet m'interpelle, mais il faut bien faire des choix.

Je pense beaucoup à ça ces jours-ci, faire des choix. À New York, il y a tellement d'options qu'on peut passer la journée à tergiverser, à se demander à quel évènement aller, choisir entre ce qui a le potentiel d'avancer sa « carrière », apprendre quelque chose pour « développer ma pratique », etc. Et au final le temps de tergiverse est du temps perdu. Il faut choisir. Et nécessairement tourner le dos à quelque chose qui avait le potentiel d'être déterminant. Il faut aiguiser son focus, ou s'éparpiller volontairement. J'apprends quelque chose, mais je ne sais pas quoi exactement. En lien avec l'attention et les choix. Je vais finir par mettre le doigt dessus. Il faudrait aussi que je me donne le droit de ne pas toujours être en train de vouloir apprendre quelque chose. En tout cas, j'adore New York.

14 novembre @ Downtown Music Gallery, Chinatown Manhattan
trio [Kenneth Jimenez (contrebasse), Camila Nebbia (sax ténor), Randy Peterson (batterie)]
trio [Marc Edwards (batterie), Gian Perez (guitare électrique), Michael Gilbert (basse électrique)]
Patrick Golden Group [Sally Gates (guitare électrique), Patrick Golden (guitare électrique), Matt Hollenberg (bass VI), Ryan Siegel (sax)]

Une autre soirée de musique incroyable à DMG. Le premier set me fait découvrir la saxophoniste Camila Nebbia, dont les idées se renouvellent sans cesse. Elle décortique ses phrases, les reprend un peu selon un traitement thématique, mais toujours avec beaucoup de passages juste de textures ou de gestes, en frôlant le free jazz sans exactement y aller. Avec un superbe contrebassiste que j'avais vu à iBeam il y a quelques jours dans un grand ensemble, qui pousse le trio ici et qui sonne gros de même. Le tout soutenu par un drummer très réactif. Puis le deuxième set comme une épreuve d'endurance. Ils partent dans le piton et n'arrêtent pas. Le guitariste fait des faces de guitar god et c'est excellent, j'ai rarement vu cette attitude en musique improvisée. Le bassiste pitonne comme j'ai rarement vu et sonne bien saturé avec de la grosse distorsion. Alors que le guitariste et le bassiste me donnent l'impression de jeunes loups avides de shred, le drummer est un vieux de la vielle qui ne laisse pas sa place, jeu non stop très très rapide. En arrivant au troisième set, il ne me reste plus d'énergie ni d'attention, j'écoute un peu plus distraitement avant de rentrer à pied comme à mon habitude.

Mercredi 15 novembre

Une journée à ne pas sortir de l'appart. L'impression d'avoir manqué à mon devoir. Il faut absolument que je réécoute le podcast de Daphnée B. sur les artistes en résidence. Je vais le réécouter et y répondre ici, c'est tellement juste. Notamment ce choc de passer de notre pauvreté relative au luxe de l'appartement en résidence (une table à manger?!) et cette obligation de performer qu'on se donne soi-même face à l'institution à qui on dit merci merci merci. À suivre j'y pense depuis 2 semaines, je vais finir par le faire.

Longue séance de yoga. Très longue pratique de violoncelle avec la Particule 2, j'y vais méthodiquement. Faire à souper, une batch de pâtes. Je tergiverse, aller voir l'inimitable Norvégien Lasse Marhaug à Artsists Space ou je ne sais plus quoi. Finalement je me range du côté de la majorité pour une fois, celle qui reste chez-soi devant l'écran.

Tellement de films se passent à New York, il faudrait bien que je m'y intéresse (n'était-ce pas mon devoir, comme artiste en résidence à NYC?). Maintenant que je connais la ville un peu, je reconnais des endroits réels dans les œuvres de fiction, mais selon ma propre expérience. Je choisis d'écouter After Hours de Martin Scorsese, une comédie plutôt humour noir sortie en 1985. Un financier à la vie platte rencontre une femme dans un café et décide de la rejoindre dans Soho (mon quartier). S'ensuit une longue nuit pleine de rebondissements aussi improbables les uns que les autres. Sans identifier de repères directement, je note les éléments typiques de Soho : rues en pierres, escaliers de secours en ornements de façades.

Jeudi 16 novembre

Évidemment qu'il faut que je me venge de mon oisiveté de la veille (comme si la pratique de violoncelle ne comptais pas). J'en profite pour aller visiter une autre bibliothèque, la Jefferson Market Library, ancien palais de justice construit en 1833.

Je traîne même mon lunch. Je travaille là toute la journée sur l'ordinateur avant de me diriger vers Columbia University manger mes pâtes au froid dehors parce qu'il faut y étudier pour pouvoir s'asseoir à l'intérieur. À 80 000$ de frais de scolarité par année au baccalauréat, il faut bien qu'il y ait des avantages étudiants. J'y suis pour un concert à 20 h.

ambiance sur le campus de Columbia University

16 novembre @ Miller Theatre at Columbia University, Morningside Heights Manhattan
Zorn@70 Barbara Hannigan + John Zorn
Star Catcher (2022) [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix)]
Split the Lark (2021) [Barbara Hannigan (voix), JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), David Fulmer (violon), Christopher Otto (violon), John Richards (alto)]]
Liber Loagaeth (2021) [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix), Jorge Roeder (contrebasse), Ches Smith (batterie)]
Ab Eo, Quod (2021) [Jay Campbell (violoncelle), Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix), Sae Hashimoto (vibraphone, percussions), Ikue Mori (électroniques)]
Pandora’s Box (2013) 
Barbara Hannigan (voix), JACK Quartet [Jay Campbell (violoncelle), David Fulmer (violon), Christopher Otto (violon), John Richards (alto)]]
Nazdar Poupon Nazdar [Stephen Gosling (piano), Barbara Hannigan (voix)]

La légendaire chanteuse d'opéra et cheffe d'orchestre spécialiste de musique contemporaine Barbara Hannigan. Dont j'ai écouté tous les vidéos sur youtube. Devant moi en chair et en os. Dans un programme tout John Zorn, parfois assez casse-gueule. Elle est vraiment bonne pour vrai. Mais on dirait que le fait qu'elle soit bien réelle la diminue presque. Comme si passer de la fiction de l'écran à la réalité du corps dans l'espace la rend plus humaine, donc moins idéale, moins surhumaine. Un des moments marquants de La recherche du temps perdu de Proust est la première fois où le narrateur voit l'actrice surnommée la Berma. Il se l'est imaginée pendant des pages et des pages, il est prêt à être charmé par celle qu'il tient déjà pour la meilleure actrice de son époque. Mais... « Mais en même temps tout mon plaisir avait cessé; j'avais beau tendre vers la Berma mes yeux, mes oreilles, mon esprit, pour ne pas laisser échapper, une miette des raisons qu'elle me donnerait de l'admirer, je ne parvenais pas à en recueillir une seule. Je ne pouvais même pas, comme pour ses camarades, distinguer dans sa diction et dans son jeu des intonations intelligentes, de beaux gestes. Je l'écoutais comme j'aurais lu Phèdre, ou comme si Phèdre elle-même avait dit en ce moment les choses que j'entendais, sans que le talent de la Berma semblât leur avoir rien ajouté. » Mon expérience devant Hannigan est certainement plus positive que celle du narrateur de Proust devant la Berma, mais peut-être que je voudrais moi aussi que la matérialisation de la cantatrice fut plus grandiose, plus grande que nature encore. Si je revois Barbara Hannigan, peut-être que tout comme le narrateur de La recherche, quelque 600 pages plus loin, je réussirai à être transporté par la réalité de l'artiste telle quelle, libérée du filtre de l'imagination.

Au programme, des pièces qui vont du murmure à l'éclat, de la dissonance au bruit en passant pas des passages presque pop, je croyais même entendre Tori Amos au piano pendant quelques secondes. Les musicien·nes sur scène sont renversants, Zorn sait bien choisir ses interprètes. La dernière pièce était une surprise, pas au programme, avec un texte en français dont je n'ai pas compris grand chose, jusqu'au titre, que Zorn a pourtant dit 3-4 fois. Pour une pièce qu'il a écrite quand il avait 15 ans, chapeau! Il écrit bien pour le piano, ce qui n'est pas une mince affaire. Mais qui est ce John Zorn, comment fait-il pour en faire autant dans sa vie? Adolescent, il aurait étudié l'orchestration et le contrepoint en autodidacte en repiquant des musiques de film. Bin voyons! Il a quitté un bacc. en composition après même pas deux ans. Il pourrait se contenter de composer de la musique de concert. Mais il compose de la musique de films, de la musique pour ensemble d'improvisateur·ices, de la musique qui touche à la tradition juive, du free jazz, des trucs plus musique contemporaine comme ce que j'ai vu ce soir. Puis il a une étiquette de disques avec des centaines d'albums, de lui et d'à peu près tout ce qui bouge en musique improvisée. Puis il administre la petite salle The Stone où, 4 jours par semaine, des musicien·nes qu'il sélectionne lui-même produisent des concerts. Et il n'a pas l'air brûlé, au contraire, à 70 ans il monte sur scène avec ses culottes d'armée modèle camouflage noir et blanc, son t-shirt lette, et est chez-lui partout. Né à New York tu dis.

Vendredi 17 novembre

Réveillé un peu tôt, je scroll sur instagram. Les enfants pleurent en Palestine. Tout le monde pleure partout dans le monde, sauf les quelques caves qui fabriquent les armes, les vendent, les utilisent. Il n'y a plus d'eau. Le clash est vraiment intense, j'ai encore une boule dans la gorge des images que je vois quand je passe à une pub de lunettes soleil, puis à une annonce de concert à aller voir. Comment est-ce qu'on peut continuer à vivre alors que c'est le génocide d'un peuple? C'est fucké. La dernière élection à Gaza remonte à 2006. Ça veut dire qu'il n'y a personne en bas de 34 ans qui a voté pour le Hamas, c'étaient des enfants au moment de l'élection. Et de l'autre côté c'est pas mieux, le gouvernement à Israël a été élu à un bizarre de moment politique et aujourd'hui à peu près personne dans la population est de leur côté. Et ici, que ce soit aux États-Unis ou au Canada, tout le monde qui a une tête sur les épaules demande un cessez-le-feu. Demander un cesser-le-feu, quand on y pense, c'est le bout de la marde. Pourquoi est-ce qu'il y a des commencez-le-feu. Des le-feu tout court. Faites donc fondre tous les guns et fabriquez des chaises roulantes avec. Au Québec ça se demande bien sérieusement si Catherine Dorion est-tu punk ou est-tu pas punk, et les Cowboys fringants sont soudainement le band préféré de tout le monde. Bon bin...

On vit pareil, c'est étrange. Et parmi les joies de vivre, il y a celle de tomber par hasard quand même, après deux heures de doom scrolling, sur une publication de Kim Gordon, la bassiste de Sonic Youth et artiste dans mon panthéon des meilleures depuis longtemps, une publication qui dit que des places viennent d'être ajoutées pour un show de danse. Quoi, Kim Gordon a co-chorégraphié un spectacle de danse? Et c'est où? New York City évidemment. New York University Skirball à 10 minutes de marche de moi. Take my money! La danse, c'est toujours tellement cher. À 46$, pas si pire, mais c'est 65$ en canadiens. En tout cas rendez-vous ce soir.

Entre temps, je file à un café très instagramable pour finir la rédaction d'un dossier pour un appel de projets. En collaboration avec la danse justement. Ça complète le travail sur ce sur que je rédigeais hier. Une autre bouteille à la mer. Punk ou pas punk, come on.

17 novembre @ NYU Skirball, Greenwich Village Manhattan
dans le cadre du festival Dance Reflections by Van Cleef & Arpels
TAKEMEHOME de Dimitri Chamblas et Kim Gordon [Marion Barbeau (danse), Marissa Brown (danse), Eli Cohen (danse), Eva Galmel (danse), Pierrick Jacquart (danse), François Malbranque (danse), Jobel Medina (danse), Salia Sanou (danse), Kensaku Shinohara (danse)]


Les portes ouvrent, « à la demande des artistes »
juste 5 minutes avant que ça commence, sur ce décor

Le spectacle de danse est excellent. Neuf danseur·euses sur scène. Un moment donné, il y en a 5 debout sur des amplis de guitare en train de juste répéter un accord de guitare électrique toustes ensembles. Image puissante, et quel son! Les guitares sont calibrées très exactement sur le son de Kim Gordon. Le reste de la musique lui ressemble aussi. Je vis une émotion quand sa voix émerge enfin après une trentaine de minutes de drône : « take me home » qu'elle dit de sa voix un peu fausse instantanément reconnaissable, le titre de la pièce. Quelques images fortes, dont le début où des personnes du public sont choisies pour se coucher sur le dos sur scène et créer une contrainte supplémentaire aux passages des danseur·euses. Un moment donné, un danseur se gargarise pendant de longues minutes avec un liquide bleu pâle qui laisse des coulisses sur son visage; il fait couler le reste du liquide sur la bouche d'une des danseuses et les deux sont marqués jusqu'à la fin du spectacle. Une équipe de corps tous tellement différents, agiles, charismatiques. Sinon, ce n'est pas un spectacle qui change ma vie, mais il y a bien quelque chose de jouissant d'entendre de la musique si bonne à un show de danse. Par moments, la musique est tellement bonne que les danseur·euses peuvent quasiment prendre une pause et chiller sur scène pendant qu'on écoute. Quand tout le monde est en train de quitter la salle à la fin, je vois Kim Gordon arriver, ignorer complètement un fan qui veut lui dire qu'il a aimé bla bla bla, et continuer une conversation technique sur la projection du son dans la salle. Work!

Après tout ça, je vais m'asseoir au Washington Square Park juste à côté et j'observe les gens. Plusieurs petits groupes, plusieurs seuls comme moi, ça fait du skateboard, ça fume du pot, ça jase, plusieurs joueurs de musique, tam tam par-ci, guitare par-là, des itinérant·es, des fils de riche, des afros, des tresses, des blondinets, des casquettes. Le temps est doux ici, le moins de novembre n'a rien de l'invivable début d'hiver québecois que je connais habituellement. Des centaines de personnes chillent au Washington Square Park. Dans mes écouteurs, Nirvana live à Seattle en 1994 (ça vient de sortir pour les 30 ans de l'album In Utero) et je me sens pour un instant comme j'ai pu me sentir ado, une cassette de Nirvana bien usée dans mon walkman en train de regarder les skateurs au carré d'Youville.

Samedi 18 novembre

Aller nager ou ne pas aller nager? Aller à un concert-évènement des Musicians for Gaza, aller à un concert dans un sous-sol à Brooklyn ou rejoindre des amis qui vont voir Hunger Games au cinéma? Pratique de violoncelle? Finalement ma piscine à Stuyvesant High School est fermée pour la fin de semaine et il n'y a plus de place au YMCA. Je vais au café Now or Never écrire ceci. Pratique de violoncelle en revenant. Et direction Brooklyn.

18 novembre @ radicle wine, Clinton Hill Brooklyn
Weasel Walter (guitare électrque)
Brandon Lopez (contrebasse)
quartet[Tim Dahl (basse électrique, voix), Richard Edson (batterie), Matt Nelson (sax soprano, sax ténor), Hans Young Binter (piano fender rhodes)]

Weasel Walter est un drôle de personnage; sait ce qu'il fait, sait ce qu'il vaut. On jase pendant un moment, on a eu une mauvaise expérience avec la même musicienne il y 10 ans. Il dit que ces jours-ci, il se concentre à faire la musique qu'il aime même si personne ne l'écoute. Amen! Je le connaissais comme drummer, finalement il fait son solo à la guitare électrique et wow très hot, il manie ses pédales d'effet comme une deuxième instrument et j'ai l'œil pour ça ces jours-ci avec mon travail sur la Particule 2. Après Weasel Walter, c'est Brandon Lopez qui se livre à la contrebasse, tellement intense pour le peu de personnes sur place. Intransigeance et intégrité.

Pendant que le dernier set s'installe, je jase pas mal avec un autre des spectateurs, un musicien qui ne joue pas ce soir, mais que j'ai déjà vu quelques fois en concert. Ça fait du bien de sentir comme une petite ouverture pour moi dans la communauté. Le dernier set est renversant. Fort volume, tellement qu'on a peine à entendre le pianiste qui fait des signes que son ampli est au maximum. Bien qu'il n'y ait pas un rythme qu'on peut suivre, on se croirait dans un show punk. La salle minuscule et maintenant bondée comme par magie. Ça sent l'alcool, surtout le scotch et le vin de riche de la boutique sous laquelle on se trouve. Les gens bougent au son de la musique, un moment donné il y a quasiment un slam. Le bassiste-chanteur domine le band. J'apprends plus tard qu'il est un collaborateur de longue date de la légendaire Lydia Lunch, en plus d'avoir toute une feuille de route de rocker parmi le free jazz. J'apprends à l'instant, en écrivant ceci, que le drummer est en fait un acteur qui a joué dans plus d'une centaine de films en plus d'avoir été le premier drummer de Sonic Youth en 1981. Bin coudon!

Dimanche 19 novembre

Aujourd'hui, je suis dans un autre café instagramable, le Stone Street Café de la rue Broome, let's go et j'essaie de finir d'écrire ceci, qui n'arrête plus de s'allonger. Je voudrais ne rien oublier de ce que je vois à New York. Je voudrais nager beaucoup plus. Je voudrais pratiquer beaucoup plus. Je voudrais pousser beaucoup plus pour jouer avec des musicien·nes de la scène, voire même prévoir des concerts. Je voudrais passer beaucoup plus de temps à prévoir les mois à venir en répondant aux appels de projet et en travaillant mes demandes de subventions (je suis dans un stand-by insoutenable sur un dossier, où Toronto ne me donne aucune nouvelle depuis le 12 septembre, malgré ma relance du 30 octobre, je suppose que je devrais déjà tout préparer, plan A et plan B pour le dépôt de mon projet total le 6 décembre). Je voudrais aller voir plus d'art, notamment de la danse et de l'art performance, qui se passent évidemment ici assez pour remplir en double et en triple tous les jours de tous les calendriers. Retourner au MoMA passer du temps de qualité avec une ou deux œuvres sélectionnées. Je voudrais prendre le temps de réfléchir plus loin à ce que je veux que mon expérience ici m'apporte. Je voudrais faire quelque chose pour Gaza (tant qu'à rien faire). Je voudrais consacrer du temps aux débuts d'amitiés que je forme ici, car je repars dans à peine un peu plus un mois. Et avec tout ça, je ne suis même pas encore à la page 200 (sur 1100 quelque) du 2e tôme sur 3 de La recherche du temps perdu. Toute est dans toute.

Et c'est un peu ça la question des choix, de tergiverser. Ce soir il y a un concert de Lydia Lunch, peut-être la seule occasion de ma vie de voir cette artiste importante pour plusieurs artistes que moi je trouve importants. Il y a aussi un concert à P.I.T. où je pourrais peut-être un peu plus poursuivre ce sur quoi je travaille plutôt que d'envoyer mon attention sur la scène parallèle de Lydia Lunch. Ah!

Demain, je rencontre un pianiste taïwanais pour une session. Il faudra que je prenne une pause au milieu de notre rencontre, pour rejoindre une réunion avec des gens de Québec au sujet d'un concert en mai prochain. Puis j'ai un concert à voir à Sisters, Brooklyn. Ou bien mon yoga du lundi. Ou bien nager.

[Ici Rémy du futur, le 7 janvier 2024 après avoir passé près de 2 h à chercher quand est-ce donc que j'avais vu Cecilia Lopez pour la première fois... eh bien c'était ce soir du dimanche 19 novembre, et je ne l'avais pas noté.]

19 novembre @ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
trio [Cecilia Lopez (synthé analogue), Brandon Lopez (contrebasse), Mat Maneri (alto)]
Sam Newsome Trio [James Paul Nadien (batterie), Adam Lane (contrebasse), Sam Newsome (sax, objets)]

lundi 13 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 98-99-100-101-102-103-104 sur 151

Mardi 7 novembre

J'ai enfin essayé la piscine du YMCA à Chinatown. Il a fallu s'inscrire, remplir les formulaires (j'avais fait ça la dernière fois, quand ça avait pris tellement de temps que je n'avais pas pu aller nager), j'ai pris un forfait de 5 passages et j'ai pu en utiliser 2 d'un coup pour inclure mon amie et lui épargner une partie des formulaires. Il faut être à l'heure, la piscine est disponible de 17 h 15 à 18 h 00 top chrono. Parfait pour enchaîner avec un concert pas très loin à 18 h 30.

7 novembre @ Downtown Music Gallery, Chinatown Manhattan
duo [« Melvin Bauer » (batterie), Simon Kanzler (électroniques)]
trio [Nathan Chamberlain (guitare), Selendis Sebastian Alexander Johnson (trombone),  Joshua Mathews (batterie)]
trio [Dave Grollman (ballons, poésie, percussions), James Paul Nadien (percussions), Brenna Rey (guitare électrique préparée)]

On est entré et c'était déjà magique. Drummer vraiment fantastique, au jeu souple et varié, pas très fort, en contrôle absolu. Il est Français ou Belge ou les deux, une découverte. Son approche était comme magnifiée, puis retournée, propulsée de milles façons dans le kaléidoscope iridescent du joueur d'électroniques, qui avait placé ses micros près de la batterie.

En deuxième set, comme un rituel. Un trio qui commence n'importe comment. Un moment donné, Selendis déchire, à l'aide d'une clé, l'emballage de plastique d'un CD qu'elle vient de se procurer (on oublie qu'on est dans un magasin de CDs après tout) et utilise le disque dans le pavillon du trombone pour un son texturé. Un moment, le guitariste trouve quelque chose qui sied aussi bien aux élucubrations de Selendis qu'avec le langage très ténu du nouveau drummer. Le trio reste sur cette texture très longtemps, excellent.

Après deux sets comme ça, on n'a plus trop l'énergie ou la concentration d'en apprécier un troisième. Heureusement pour nous, le trio de la fin nous réserve quelque chose d'assez jouissif où une très belle, puisée à même un langage assez vulgaire, invite un presque nudité des deux percussionnistes alors que la guitariste triture son instrument à plein volume.

Mercredi 8 novembre

J'ai enfin fini mon maudit CV en anglais. Une bonne chose de faite. En soirée, un concert dont une partie est inspirée du son des manifestations new-yorkaises des derniers jours réclammant un cessez-le-feu en Palestine.

Tous les matins je me réveille et s'alternent sur mon instagram les annonces de concerts enthousiastes et les images d'enfants terrorisés à Gaza, qui serrent dans leur bras des petits chats, ce papa avec les restes de son enfant dans un sac de plastique blanc, les présidents du monde qui ne font rien, la stupidité intellectuelle de ceux qui font l'amalgame entre vouloir la paix et haïr le peuple juif, les manifestations auxquelle je ne participe pas, les lettres que je n'ai pas signées, les numéros de téléphone où je n'ai pas appelé. Un·e violoniste perd un contrat parce qu'elle a partagé des propos pro-palestiniens sur sa page. La guerre, pareille niaiserie écœurante.

Je suis là en train d'enlever 5,25$ de mon tableau de dépenses quand j'oublie de ramasser la facture de mon café, pour être réglo avec le fisc, et pendant ce temps des gens larguent des bombes sur des hôpitaux sans aucune conséquence du monde civilisé. Voyons. Et je suis figé devant l'absurdité de se donner la mort. Les dieux. Le pétrole. Je l'impression de ne rien comprendre à la situation. Malgré mon exposé oral en deuxième année du primaire, en 1990, pour lequel j'avais choisi comme sujet le conflit israelo-palestinien. Je pourrais lire toutes les thèses de doctorat du monde que je restrais seulement témoin des hommes et leur besoin de dominer. Que ça.

Ouf, bon. En tout cas. Un concert où je sens mon point de vue vaguement exprimé. D'accord. En attendant de faire mieux.

8 novembre @ iBeam, Gowanus Brooklyn
duo [« Melvin Bauer » (batterie), Todd Neufeld (guitare)]
PROTEST [« Melvin Bauer » (batterie), Carlo Costa (batterie), Kenneth Jimenez (contrebasse), Simon Kanzler (électroniques), Barbara Kasomenakis (projections, peinture en direct), Santiago Leibson (piano), David Leon (sax), Todd Neufeld (guitare), Kenny Warren (trompette), Hans Young Binter (clavier)]

J'étais bien content d'entendre le drummer de la veille dans ce nouveau contexte en duo. Puis j'ai trouvé qu'on ne lui faisait pas beaucoup de place dans le deuxième set. Mais un nonet improvisé, c'est un défi de taille. Je n'ai pas entendu une note du piano ou presque, malgré les dimensions de l'instrument acoustique et les habiletés du pianiste. Sinon, pas si mal. Au final, je n'ai pas trop senti le sujet de l'heure, sauf peut-être dans la peinture rouge de l'artiste au rétroprojecteur.

Jeudi 9 novembre

Journée de touristes. On prend le traversier d'un heure pour aller voir la plage de Rockaway, et s'imaginer de quoi elle a l'air envahie par les baigneurs l'été. Bien de revoir l'eau un peu. On mange un nachos dégueulasse avant de revenir. Puis c'est le moment de visiter la fameuse Jazz Gallery.

9 novembre @ Jazz Gallery, NoMad Manhattan
Angel of Air/ Angel of Water [Melissa Almaguer (claquettes), Christina Carminucci (claquettes), Samantha Feliciano (harpe, voix), Natalie Greffel (basse électrique, voix), Shinya Lin (électronique), Lesley Mok (batterie), Franklin Rankin (guitare)]

Je me surprend à être surpris à la fin quand Melissa Almaguer prend le micro pour remercier son ensemble et mentionner au passage que tout ce qu'on vient de voir et d'entendre était improvisé. Ok! Bien sûr. Les claquettes, ça aurait pu être déplacé, mais au contraire. Méchante belle combinaison de personnes et d'instruments sur scène. J'aurais pu en reprendre.

Vendredi 10 novembre

Journée de travaillottage. Quelques emails en journée, en début de soirée. Je me fais une session de nage en milieu de soirée. Puis on se rejoint pour aller manger de la pizza en fin de soirée. Puis le café où on voulait se poser est fermé alors on rentre bien sagement. Ma visite est bien sage et ça me convient parfaitement.

Samedi 11 novembre

Journée des vétérans, la bibliothèque qu'on voulait visiter après le bain de foule à Bryant Park est fermée. Ils ont déjà sorti le sapin de Noël et la patinoire extérieure là-bas. On prend une très longue marche. Un autobus très bondé. Une dernière épicerie ensemble.

Dimanche 12 novembre

La bibliothèque est ouverte. On lit un peu. Je devrais être là en train d'écrire ceci au lieu de rester dans l'appartement. Bah, quand l'inspiration vient, on la prend.

12 novembre @ Prospect Series Apt, South Slope Brooklyn
trio [« Melvin Bauer » (batterie), Tony Malaby (sax tenor, sax soprano), Todd Neufeld (guitare)]
trio [Sean Ali (contrebasse), Leila Bordreuil (violoncelle), Joanna Mattrey (alto)]

Encore ce même drummer, toujours aussi bon. Il s'est vraiment booké un séjour intense à New York, des concerts presque tous les soirs. J'ai vu aussi qu'il avait des sessions d'enregistrement? Je me demande comment il a fait pour obtenir autant de concerts. Je me demande combien de temps d'avance il a dû s'y prendre.

On est dans un bel appartement bien fenestré dans un très beau secteur de Brooklyn. Il y a un cimetière en face, où je vois sur la carte que se trouve la tombe de Basquiat. Le dernier trio est vraiment bon. Les cordes, ça fait du bien à l'âme. J'échange quelques mots avec les musiciennes qui me semblent passablement défoncées. Parfait.

Lundi 13 novembre

Retour du grand bruit à l'appartement. Ça me rappelle le début de l'été quand on drillait le toit au-dessus de ma tête à journée longue. Maintenant, c'est la rue. Des immenses camions et toutes leurs fumées poussent des souffles, des grognements, des klaxons. On retourne toute la surface de la rue. Ça vibre de partout. Yoga ce soir?

Ma visite est partie, le dernier tiers du séjour est entamé.

Go Rémy Go

lundi 6 novembre 2023

studio du Québec à NYC : jours 93-94-95-96-97 sur 151

1er novembre @ trans-pecos, Ridgewoods Queens
Jennifer Pyron (voix, électroniques)
duo [Aliya Ultan (violoncelle), Drew Wesely (guitare électrique préparée)]
Levi Liu (électroniques, percussions corporelles électroniques)
Hypersurface [Carlo Costa (batterie), Lester St. Louis (violoncelle), Drew Wesely (guitare électrique préparée)]

J'ai laissé mes invité·es vivre leur vie de touristes pendant que je rencontrais le contrebassiste Conner Simmons à 17 h (cool session!) et allais à ce concert en fin de journée. Une rare visite à Queens, ce quartier que j'ai autant de difficulté à décrire que Brooklyn. Comme partout peut-être, il y a probablement autant de Queens que de gens qui en font l'expérience.

Pyron avait la prestance et le charisme de l'art performance, du rituel, de la cérémonie, mais le volume élevé forçait à se boucher les oreilles et, tant qu'à moi, vivre une expérience moins complète. Levi Liu était incroyable avec les percussions corporelles électroniques; chacun de ses gestes semblait devenir sacré alors que des sons lourds étaient produits par les mouvements du corps. Hypersurface étaient aussi tellement bons, comme la dernière fois que je les avais vus, mais renouvelés par cette amplification.

Jeudi 2 novembre

Les invité·es me sortent au restaurant pour déjeuner. 120$ US à trois pour chacun un œuf bénédictine et un café, par chance que ce n'était pas moi qui payais. Puis je les laisse partir et me fais une journée de travail : réunion vidéo avec un organisme pour mon projet de duo en novembre 2024, relances email de d'autres organismes pour ce même projet (envoyez donc, c'est stressant), edit et mix de ma session de la veille avec le contrebassiste, envoyer ça par wetransfer, début de travail sur mon nouveau CV en anglais qui doit crier « artiste de calibre international », un café au soleil avec plus de emails, petite pratique de violoncelle.

Puis on se rejoint pour aller toustes ensemble au fond de Brooklyn, dans un des fonds de Brooklyn, voir ce concert.

2 novembre @ Record Shop, Red Hook Brooklyn
Kaelen Ghandhi (sax tenor)
duo [Sandy Ewen (guitare électrique préparée), Teté Leguía (basse électrique préparée)]
Toadal Package [Cosmo Gallaro (guitare électrique), James Paul Nadien (batterie), Brenna Rey (basse électrique)]

Trois sets qui me font réfléchir à la structure musicale, plus largement à la structure en art. Je pense habituellement le découpage du temps, ou de l'espace, en terme de sections. La pièce commence d'une certaine façon, une ambiance distincte est créée, puis un geste musical ou autre amène un changement et on est soudainement, ou graduellement, « ailleurs »; un nouvel espace défini se crée alors et est maintenu pendant un moment. Cette expérience de mouvement-stasis se répète et à la fin, on parlera d'une pièce en x sections de telles durées chacunes. Au cours de ce concert, la musique ne se présente pas en sections. J'en discute avec mon amie, elle trouve que la musique se passe comme un tunnel dans lequel on avance. Oui, il y a des œuvres qui se déploient, se déploient sans arrêt, sans créer de sections. Je repense à l'énorme Jackson Pollock aperçu au MoMA.

Réflexion en dialogue avec : se sentir aspiré par New York, versus soi-même l'absorber, voire même s'en nourrir. Ou simplement passer au travers comme le train dans son tunnel. Ou encore se laisser traverser par la ville comme l'être vivant debout au travers duquel passent toutes ces ondes radio.

Vendredi 3 novembre

Changement de visite. Deux ami·es partent, je lave les draps et profite d'un peu de temps seul. Puis trois amies arrivent, trois amies d'enfance qu'il me fait tellement plaisir de réunir ici. Une arrive de la France, l'autre de Montréal, l'autre de Québec. Petit congé de travail. Je me donne un petit congé enfin.

Samedi 4 novembre

Activités de touristes : on va au Guggenheim, on marche dans Central Park. Le beau temps est infini à New York.

Dimanche 5 novembre

Activités de touristes : on va au mémorial du World Trade Center, on prend le traversier pour Staten Island — judicieuse façon d'avoir une vue imprenable sur le sud de Manhattan avec le New Jersey à gauche et Brooklyn à droite, puis de passer très près de la fameuse statue de la Liberté, le tout pour moins de 4$ — on se rend compte en riant qu'il n'y a absolument rien à faire à Staten Island, un autre beau tour de traversier pour revenir, on achète des bagels, on passe devant l'ancien loft de Yoko Ono, on s'assoit dans le parc derrière l'hôtel-de-ville où j'avais passé ma nervosité avant les classes de danse de Max Cookward en août, on traverse le Brooklyn Bridge (wow) et toutes ses pacotilles à vendre, on va au marché aux puces Brooklyn Flea (re-wow). Puis on se fait des quesadillas à l'appartement et j'amène tout le monde à un concert.


5 novembre @ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
duo [Tony Gedrich (contrebasse amplifiée, basse électrique), Crystal Penalosa (électroniques, voix)]
duo [Ben Bennett (percussions), Michael Foster (saxophones, objets)]

Deux duos tellement bons encore. Toustes des musicien·nes virtuoses, mais chacun·es selon des critères différents. Penalosa virtuose du charisme, ses quelques mouvements nous tirent à l'avant dans le son dont elle manipule le timbre de façon très subtile. Gedrich virtuose de la bonne humeur, du plaisir de jouer, d'envoyer des notes de contrebasse qui entrent dans la machine et tournent pendant de longues minutes. Bennett virtuose du spasme précis précis, du volte-face bien mesuré, instantané. Foster virtuose des souffles et des sections, aussi de l'organisation de cette soirée.  

Lundi 6 novembre

Je continue à travailler sur mon CV. Ce n'est que demain que je ferai la paix avec tout le temps que ça me prend pour une tâche qui m'apporte si peu, que j'ai l'impression que je devrais réaliser en quelques minutes seulement. J'écris ceci. Concert ce soir? Yoga du lundi soir? Mieux vaut passer un peu de temps avec les amies avant leur départ.