lundi 28 août 2023

studio du Québec à NYC : jours 26-27 sur 151

Deux concerts le samedi 26 août après l'atelier de danse avec Max Cookward (en y allant, je me suis arrêté un petit moment devant l'ancien loft de Yoko Ono). Sans exception toustes des musicien·nes renversant·es. La chanteuse, what?! Et son pianiste! Le saxophoniste Immanuel Wilkins! Son pianiste?! Le son du drummer avec eux?!

26 août @ Storefront for Art and Architecture, Nolita Manhattan
duo [Ricardo Gallo (piano), Amirtha Kidambi (voix)]
dans le cadre de l'exposition Direct Action de Francisca Benítez

26 août @ Bryant Park, Midtown Manhattan
75 Dollar Bill Little Big Band [Rick Brown (percussion, composition), Che Chen (guitare électrique, composition), Sue Garner (basse électrique), Cheryl Kingan (sax), Talice Lee (violon), Steve Maing (guitare électrique), Jim Pugliese (percussion), Karen Waltuch (alto), Barry Weisblat (percussion, électroniques), Chris Williams (sax)]
Immanuel Wilkins Quartet [Matt Brewer (bass), Immanuel Wilkins (sax, composition),  Kweku Sumbry (batterie), Micah Thomas (piano)]


Après le concert, je suis resté chiller un peu dans l'impossibilité urbaine qu'est Bryant Park

En une journée, passer de l'espace, imaginé de la rue grâce aux lectures et aux images d'archives, d'un loft des années 60, à l'espace très concret d'un petit studio de danse — où la tâche est d'exister à la limite de la conscience, dans des lieux créés sur mesure par l'esprit, vastes et magnifiques selon les instructions de Max Cookward— à l'espace exigu d'une petite galerie d'art ouverte sur un boulevard, où en m'étirant j'aurais pu toucher au piano à queue, au grand espace d'une scène type Festival de jazz dans un parc urbain à un coin de rue de Times Square, encerclé, enchâssé comme la pierre précieuse d'une bague, entre les plus hauts gratte-ciels du monde. New York.

Dimanche 27 août

Je suis en train de réécouter mon duo avec Kwami Winfield et c'est vraiment bon. Ça s'est passé! Un dimanche après-midi comme un autre, dans une petite galerie d'art vide à Brooklyn, un endroit qui a l'air de rien, étroit, quatre murs blancs, mais qui existe finalement depuis plus de 10 ans et fait une différence pour les gens qui le fréquentent. Dont Kwami qui s'en sert pour pratiquer. Dont moi hier le temps d'un duo. Sur l'enregistrement bancal fait sur mon cellulaire, on entend bien quand le métro passe, sans qu'on le voit, juste en face sur des rails surélevés. Ça donne comme une impulsion à la musique, tous les dix minutes une occasion de prendre une autre direction ou choisir de rester, résister.

Après ça, retour à la maison déposer le violoncelle. Et retour à Brooklyn pour aller voir un concert avec une rencontre que j'attendais depuis longtemps, et qui ne s'est pas passée comme je croyais.

Vu en chemin, quai du J-train, station Bowery.
On dirait une partition. Beauté du déclin. Max Cookward parlait de ça aussi.

27 août@ P.I.T. Property is Theft, Williamsburg Brooklyn
trio [Ingrid Laubrock (sax ténor, sax soprano), Brandon Lopez (contrebasse), Tom Rainey (batterie)]

Ce trio roule depuis longtemps et ça paraît. Wow. Je me rappelle les avoir écouté faire des concerts en ligne pendant la pandémie. Il me semble. Brandon Lopez le contrebassiste a une approche du rythme très directe que j'ai beaucoup aimé voir live comme ça. Il regarde le public quand il joue, un trait distinctif, on se sent comme si on faisait partie du band. Je suis par contre un peu déçu que le concert ait été si court (j'ai peut-être manqué une pièce, je pensais bien être arrivé juste assez en retard pourtant, considérant mon expérience au même endroit la semaine passée, quand j'étais arrivé 15 min. en retard et le concert avait commencé une demi-heure après mon arrivée) et que le prix d'entrée 20$ n'ait pas été annoncé (correct pour le prix, mais la surprise ça c'est pas fin, par chance qu'il me restait un 20$ dans mon porte-feuille, là y'en reste plus). En même temps, est-ce que c'est la faute du band, de la salle, ou du late-stage capitalisme que le prix d'entrée n'ait pas été affiché. Je vote pour ce dernier. Toutes les petites places sont obligées de demander des « contributions volontaires », car les redevances pour un établissement qui devient producteur de spectacles sont tellement élevées que les petites salles informelles ne survivraient pas; et par respect pour qui fait la musique, les « contributions volontaires » sont plutôt « exigées ». La nouvelle expression : not a fluff. Enfin, il ne faut pas s'arrêter à ça.

Aussi, j'avoue que j'avais hâte de voir la saxophoniste. On a travaillé ensemble avec le GGRIL en 2015, ou peut-être même 2014, pour un projet de ses compositions repris pour enregistrement et concert en 2018, disque lancé en 2020. Je m'attendais un peu, j'aurais pu m'attendre, il y avait une opportunité, disons, que dis-je, qu'elle fût comme une porte d'entrée pour moi, ou juste un carton d'invitation, ou encore une main tendue, sur la scène new-yorkaise. Eh bien, pantoute. Oui, au moins elle m'a reconnu quand j'ai été la voir. On a jasé un peu, elle s'en va justement à Rimouski dans quelques jours pour un concert avec des collègues. Puis that's it. Même pas de, looking forward to see you, etc. Ça aurait été facile pourtant, une parole en l'air comme ça. En même temps, je ne connais pas tant sa personnalité. Peut-être qu'elle dit jamais ça. Peut-être qu'elle a fait des promesses dans le passé, qu'elle n'a pas pu les garder, et c'est pourquoi maintenant elle évite. Peut-être que tout le monde est après elle ce temps-ci. Je ne sais pas non plus quelle journée elle venait d'avoir. Peut-être aussi qu'elle n'a jamais aimé comment je joue, peut-être qu'elle ne s'en rappelle plus du tout. Peut-être que ses pièces n'avaient rien d'excitant dans la partie de violoncelle. Peut-être qu'elle était indisposée parce qu'elle venait de jouer le même soir que le gros show John Zorn, Sean Lennon, Laurie Anderson. Peut-être qu'elle n'était pas contente de son set. Peut-être qu'elle venait d'apprendre que son frère avait le cancer. On ne sait jamais ce que les gens vivent, je ne le prends pas personnel. Si je ne dis rien, comment est-ce qu'une étrangère peut deviner mes attentes, attentes que moi-même je ne m'étais pas formulées clairement. Et parfois un moment chargé pour quelqu'un est tout à fait anodin pour l'autre.

Lundi 28 août

C'est lundi, le temps de se remettre au travail. Cette semaine : aller renouveler mon contrat de téléphone, loyer et tâche à distance pour mon appart à Québec, travail sur mon vinyle à venir (réécouter, redécoupage, demande de prix, prix avec shipping, relancer le pro du matriçage), travail sur mon projet novembre 2024 (emails avec deux diffuseurs, passer par-dessus mon blocage habituel pour les demandes de subventions et aller rechercher sur quoi appliquer et les dates de dépôt, je stresse tout d'un coup), concert mardi à Freddy's, concert vendredi à Public Records, relancer deux personnes pour des sessions à New York, vérifier la date de la pleine lune pour relancer le GIC,LE à Québec, natation aujourd'hui, puis yoga, compilation des sorties et des dépenses pour ce premier mois à NYC.

Concernant les dépenses, je vis en pauvre comme d'habitude tout en me permettant le plus de concerts possible, mais ça monte vite quand même. Juste hier, déjeuner-café à la maison gratuit, puis aller faire de la musique gratuitement, mais 4$ de métro aller, 4$ de métro revenir, un végé burger cheap sur le chemin du retour en après-midi 14$, un café-chocolatine pour accompagner Proust en début de soirée 16$ (eh oui, 4$ US americano + 6$ US chocolatine + 20% de tip NYC + taux de change), le concert en soirée 4$ de métro aller, 4$ de métro retour, 27$ le concert (le 20$ US « surprise » dont je parlais tantôt), et 24$ pour deux pointes de pizz comme snack de fin de soirée. La pizza, c'était une erreur, il n'y avait pas de liste de prix et ça avait l'air d'une place de pointes pas cher comme d'habitude, mais là c'est la #1 best pizza whatever on ne m'aura pas deux fois. 24$ pour deux pointes, quand l'autre fois j'ai eu ça pour 2$, ce n'était pas 1200% plus savoureux fuck off. En tout cas, ça fait une journée à presque 100$, très over-budget. Par chance que je ne bois pas, je ne fume pas et je ne consomme aucun accessoire de mode.